De plus en plus de voix se font entendre pour se plaindre de l'environnement des affaires en Algérie, visant particulièrement l'instabilité de la réglementation hostile aux Investissements directs étrangers (IDE). L'ambassadeur des Etats-Unis à Alger, John Desrocher, et Jean-Louis Levet, haut responsable français en charge de la coopération technologique et industrielle entre la France et l'Algérie, ont critiqué le climat algérien des affaires. Un élément qui pourtant constitue un enjeu crucial permettant de faire sortir l'Algérie de sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures. Autant les mesures protectionnistes mises en place, à l'image des restrictions à l'importation et de la règle 51/49, servent incontestablement l'intérêt de l'Algérie, autant l'instabilité de la législation régissant l'investissement est condamnable. Cette instabilité empêche le pays de s'émanciper économiquement. L'économie algérienne, qui n'est pas préparée à absorber des chocs et qui reste fragile dans ses fondamentaux, se permet d'être hostile aux investisseurs que le gouvernement est loin de rassurer. Et les investisseurs nationaux sont les premiers à en être victimes. L'exemple de l'hostilité dont est victime Cevital est plus qu'édifiant. Hormis quelques replâtrages de façade, aucune réforme sérieuse n'a été faite depuis des décennies. Le gouvernement n'est toujours pas capable de gagner la confiance des investisseurs. Au moment où nos voisins font la cour aux investisseurs, en Algérie les signaux sont loin d'être encourageants. Des signaux loin de conforter le pouvoir en place qui ne cesse pourtant de promettre de s'attirer les bonnes grâces des investisseurs, censés jouer un rôle crucial dans l'économie. Voilà donc une Algérie qui est loin de s'inspirer de certains pays émergents devenus des destinations majeures des IDE. La réussite en la matière de la Thaïlande, du Vietnam et de l'Indonésie est par exemple à méditer. Malgré une incertitude politique (19 coups d'Etat tentés ou réussis, les deux derniers en date ayant eu lieu en 2006 et en 2014), la Thaïlande est un pays très attractif pour les investisseurs étrangers. Cet Etat est l'une des destinations majeures des IDE qui ont été multipliés par 3,7 entre 2016 et 2017 grâce à une réglementation sur la promotion des investissements, offrant davantage d'incitations. Le stock d'IDE a augmenté de 15% en 2017 et a atteint 219 milliards de dollars, soit 50,7% du PIB. Dans ce pays, les réformes concernant la régulation des affaires lui ont permis d'améliorer son rang dans le classement Doing Business 2018 de la Banque mondiale en passant de la 46e à la 26e place. Des réformes qui ont permis de réduire à 4,5 jours le délai pour créer une entreprise, alors qu'il était de 27,5 jours auparavant. Face à ce bon exemple, en Algérie «la continuité politique», slogan cher au pouvoir en place, contraste avec l'instabilité de l'environnement économique.