Samedi 20 octobre, de violents incidents ont éclaté après le match entre Bordj Bou Arreridj et le MC Alger (0-1). Des joueurs du Mouloudia ont été pris à partie par des supporters adverses. Hichem Nekkache, l'attaquant algérois, raconte ces longues minutes où le pire aurait pu arriver. Que s'est-il passé exactement samedi soir à Bordj ? Juste après le coup de sifflet final, des supporters de Bordj Bou Arreridj ont pénétré sur la pelouse, et les problèmes ont commencé. Je ne sais pas exactement ce qui a déclenché les incidents. Il y a eu une altercation entre notre gardien et le leur. Je ne sais pas si c'est cela qui a tout provoqué. Il y avait eu quelques tensions lors du match, mais rien de grave ; ce n'était pas un match décisif, ni pour eux ni pour nous. Nous n'en sommes qu'à la onzième journée. Quand j'ai vu des supporters locaux arriver sur le terrain, j'ai eu peur. Qu'avez-vous fait ? Les joueurs du Mouloudia étaient dispersés, nous n'étions pas tous réunis. C'est plus difficile de se défendre dans ce genre de situation. On a commencé pour certains à courir vers la tribune où étaient nos supporters. Nous sommes plusieurs à avoir reçu quelques coups. Deux d'entre nous ont même fait un tour à l'hôpital, à Alger, à notre retour, pour des blessures au dos et à une main. Quand on a voulu escalader les grilles de la tribune pour aller vers nos supporters, on a été caillassés. Certains témoins affirment que des stadiers et même des pompiers auraient porté des coups à des joueurs du MC Alger… Des stadiers, je le confirme. Certains mettaient des coups, avec les supporters de Bordj Bou Arreridj. Je les ai vus. Pour les pompiers, je n'en sais rien. On m'a juste dit que quelques-uns avaient participé aux bagarres, mais moi, je n'ai rien vu. Quelle a été la réaction de la police ? Les policiers n'étaient pas en nombre suffisant. Ceux qui étaient présents devaient déjà contenir d'autres supporters locaux qui voulaient descendre sur le terrain. D'ailleurs, certains policiers ont aussi été frappés. En Algérie, il y a des problèmes surtout dans les stades en province, car il n'y a pas assez de policiers. En général, à Alger, c'est beaucoup sécurisé. Il y a des endroits dans le pays où je ne me suis pas du tout senti protégé. Quatre jours après les évènements, êtes-vous encore marqué ? Bien sûr. Tous les joueurs de mon équipe le sont. Ce ne sont pas des choses normales. On en parle entre nous, mais toute l'équipe a été marquée par ce qu'elle a vécu. C'était vraiment violent. Je ne sais pas ce qui a provoqué tout ça. Il faut essayer de passer à autre chose, de penser à notre prochain match face à la JS Saoura. Nous sommes professionnels, on doit se concentrer sur le foot. Il y a une enquête sur les incidents de samedi, j'espère qu'on connaîtra les responsables. Il y a quatre ans, le Camerounais Albert Ebossé, joueur de la JS Kabylie, était mort à Tizi Ouzou lors d'un match face à l'USM Alger, dans des circonstances encore troubles… Oui, et ce qu'il faut craindre, c'est qu'un jour, un joueur prenne un coup mortel sur le terrain. Je pense qu'il faut vraiment que les autorités prennent des mesures, car il y a souvent des incidents dans les tribunes. Dans les stades, il y a des gens qui se permettent tout. Et ce n'est pas bon pour l'image. Que vont penser des joueurs ou des entraîneurs étrangers à qui on a proposé de venir travailler chez nous, en voyant des images comme celles de samedi ? Ce genre d'incidents fait-il réfléchir sur sa propre carrière ? On a eu peur, on espère que cela ne se reproduira plus. Et même si cela devait être le cas, ce n'est pas pour autant que j'arrêterais de jouer au foot. C'est mon métier, c'est ma passion. On demande juste un peu plus de sécurité…