Un des membres fondateurs de la Confédération des syndicats algériens (CSA), Lyes Merabet, secrétaire général du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) s'exprime dans cet entretien sur les objectifs et les enjeux de la nouvelle organisation syndicale. Le Temps d'Algérie : La Confédération des syndicats algériens (CSA), regroupant 13 syndicats autonomes issus de différents secteurs, vient d'être créée. Comment est venue l'idée de lancer cette confédération ? Lyes Merabet : En fait, c'est un cheminement logique lorsqu'on constate la mue qui caractérise le paysage syndical dans notre pays suite à l'avènement de la Constitution de 1989 et la mise en place des lois qui encadrent le monde du travail en Algérie, notamment celles en rapport avec les modalités de l'exercice syndical (loi 90-14 du 02 juin 1990) et la prévention des conflits et du droit de grève (90 – 06 du 06 février 1990). Il est à rappeler que d'autres initiatives de création d'union ou de confédération syndicales ont eu lieu dans les années au tout début du mouvement syndical autonome et le mérite revient à tous ceux qui nous ont précédés dans cette voie qui malheureusement n'a pas abouti pour différentes raisons. Aujourd'hui, nous considérons que les conditions essentielles sont réunies dans le capital expérience accumulé par les différentes organisations membres de cette nouvelle confédération et la maturité constatée dans l'approche des responsables syndicaux auxquels échoit cette lourde mission de concrétiser le rêve des millions de travailleurs algériens de pouvoir s'organiser ou s'affilier dans des espaces pluriels et représentatifs des différents secteurs d'activité. Quels sont les objectifs assignés à cette nouvelle organisation qui aura pour mission de concrétiser les rêves des travailleurs, comme vous le dites ? Essentiellement, offrir à côté de ce qui existe un espace d'union et un cadre fédérateur pour les travailleurs algériens dans lequel ils peuvent débattre de toutes les questions qui structurent le monde du travail et ses mutations qui impactent négativement la condition socioprofessionnelle et remet en cause des droits acquis par les travailleurs. Dans le cadre des réunions tripartites, le gouvernement a toujours privilégié l'UGTA. Cette confédération vise-t-elle à faire le contrepoids ? Quelles sont ses revendications en matière de dialogue social avec les pouvoirs publics ? Il faut aussi mettre en relief l'intérêt accordé par les membres fondateurs de cette confédération des syndicats algériens à la question du dialogue social et donc le droit de représenter les travailleurs algériens dans tous les espaces de débat et de négociation avec le gouvernement et les représentants du patronat. Le code du travail serait en gestation. La nouvelle confédération aura-t-elle son mot à dire ? Evidemment, c'est d'ailleurs un des principaux dossiers qui constituent la plate forme de l'intersyndicale (avant la création de la CSA). Nous allons accorder une importance capitale à cette question et revendiquer le droit d'être associés à tout le processus qui accompagnera la promulgation du nouveau code du travail. Quel impact aura cette coalition des syndicats sur le mouvement syndical et le monde du travail en Algérie, selon vous ? Autant souligner que la confédération des syndicats algériens est une confédération pour tous les travailleurs algériens, qu'ils soient dans la Fonction publique ou le secteur économique public ou privé. A ce titre, nous relevons le défi de représenter des millions de travailleurs pour pouvoir peser qualitativement dans les espaces du dialogue social sur des questions d'intérêt pour les travailleurs et l'entreprise en même temps. Le volet de la représentativité tel que régi par la loi incitera également à une compétitivité entre les différentes centrales syndicales existantes pour arracher le droit de négocier au nom du travailleur et à son bénéfice.