Le rapport de la confédération syndicale internationale (CSI) rendu public ce 9 juin classe l'Algérie dans une liste de 13 pays au monde où l'activité syndicale a fait place à des pratiques répressives faites de restrictions et de bafouement des droits syndicaux, en sus du bornage et de la limitation auxquels fait face la pratique syndicale. Ceci en référence au traitement réservé à la grogne sociale sans précédent qui a secoué beaucoup de secteurs d'activité tout le long de l'année 2009. Un cas de figure désappointant de l'avis du Dr Lyes Merabet, qui en sa qualité de président de l'un des syndicats, le Snpsp, qui était partie prenante du mouvement social enclenché par les travailleurs de la santé. «C'est malheureux de trouver l'Algérie dans une liste pareille, et c'est vraiment désolant et décevant de se voir classé dans ce cas de figure», a déploré le praticien qui reliera cet état de fait aux difficultés ressenties dans le fonctionnement de l'activité syndicale vu le flou qui entoure les rapports entre les pouvoirs publics et les syndicats autonomes. Pourtant les lois gérant nos actions sont claires et bien définies, à savoir la liberté syndicale consacrée en Algérie par la constitution de 1990, ainsi que l'engagement de notre pays auprès de l'organisation internationale du travail (OIT), dans le contexte des conventions No 97 et 98 régissant les droits syndicaux et le droit à la grève, relèvera notre interlocuteur. Espace de dialogue inexistant M. Merabet rappellera par ailleurs que des progrès importants ont été réalisés par l'Algérie en termes de droits syndicaux depuis leur constitutionnalisation, mais il demeure toujours que le dysfonctionnement dans le rapport gérant les relations entre les syndicats autonomes et les pouvoirs publics laissent à désirer, puisque l'espace réservé au dialogue entre les deux parties s'avère restreint et dans la plupart des cas quasi inexistant, alors qu'il ne suffit que d'une petite volonté consistant en l'application des dispositions de lois existant dans notre législation, a expliqué notre interlocuteur. Il dira que ce genre de relations entretient toujours le flou dans le règlement des conflits sociaux qui sont toujours remis sur une table de négociations, et leur solutionnement ne peut se faire qu'à travers d'un dialogue sain et objectif, rappellera le syndicaliste qui dira qu' «il est vraiment temps d'aller vers un autre mode de fonctionnement pour rehausser l'action syndicale», dans un processus qui s'est matérialisé, selon lui, par la pose d'un premier jalon avec la création de la Confédération des syndicats algériens (CSA). Il faut rehausser l'action syndicale La création de cette confédération constitue une initiative très encourageante, selon le secrétaire général du syndicat national autonome des professeurs du secondaire et technique (snapest), Méziane Meriane, qui évoquera que " cette union des syndicats mettra en œuvre une action collective dans la lutte des travailleurs algériens tous secteurs confondus, afin de sortir de la routine imposée par le rapport unique et indiscutable, fait du privilège criand qui échoit à l'UGTA dans les négociations avec les pouvoirs publics et ainsi installer une volonté politique réelle faisant dans le sens de reconnaître les syndicats autonomes», a expliqué le syndicaliste. Pour sa part, Achour Idir, porte-parole du CLA, trouve que le rapport de la CSI n'est pas du tout surprenant à ses yeux, puisqu'en termes de répression de l'action syndicale l'Algérie a toujours souffert de ce problème ; mais ce qui ressort de spécial à travers l'année 2009, selon le syndicaliste, c'est que l'action des syndicats a été plus radicale qu'auparavant ce qui a suscité une répression à sa hauteur. Par ailleurs, et afin de rehausser le syndicalisme en Algérie, notre interlocuteur proposera que notre pays aille dans une volonté à se mettre au diapason des lois internationales en matière de création des syndicats, ainsi que l'ouverture du secteur économique à la pratique syndicale. Tout en précisant que «la seule solution pour ce faire demeurera entre les mains des syndicats en étant aptes à exercer un rapport de force qui puisse permettre le changement des lois», puisque les textes spécifiques à l'action syndicale en Algérie sont régis par des lois flexibles qui restent toujours soumises à des contre-lois préconisées en urgence, a-t-il expliqué.