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Meurtre du journaliste Khashoggi: Tentative d'innocenter le prince
Publié dans Le Temps d'Algérie le 16 - 11 - 2018

Le procureur général d'Arabie saoudite a dit que le prince n'était pas au courant du meurtre du journaliste opposant Jamal Khashogg. La Turquie n'accorde pas de crédit à ces propos.
Le procureur général de l'Arabie saoudite a écarté la responsabilité du prince ben Salmane dans le meurtrtre du journaliste opposant Jamal Khashoggi, tué au consulat de l'Arabie saoudite à Istanbul. Il a dit que onze personnes sont accusées du meurtre et que Khashoggi a été tué pendant une bagarre après avoir refusé de retourner en Arabie saoudite. D'après le procureur général de l'Arabie saoudite, une équipe était arrivée du royaume pour rencontrer le journaliste Jamal Khashoggi et tenter de le convaincre de retourner en Arabie saoudite. Il dit qu'après le refus exprimé par le journaliste, une bagarre a éclaté pendant laquelle Khashoggi a été tué. Le procureur général soutient, donc, que le meurtre n'était pas prémédité. Il avait exprimé les mêmes propos, il y a quelques semaines, mais il a été démenti par la Turquie qui a dit que le meurtre était prémédité, contrairement à ce que dit le procureur général de l'Arabie saoudite, présentant des preuves. C'est alors que le procureur général de l'Arabie saoudite a dit que, comme le dit Ankara, le meurtre était prémédité, mais il revient sur cette thèse en soutenant de nouveau que le meurtre a eu lieu pendant une bagarre, et donc, n'était pas prémédité. L'Arabie saoudite a déjà menti pour ce qui est du meurtre du journaliste opposant Jamal Khashoggi en disant, d'abord, qu'il avait quitté le consulat à Istanbul et n'a dû reconnaître qu'il a été tué que lorsque la Turquie a présenté des preuves du meurtre. Le journaliste Khashoggi a été tué le 2 octobre au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul par une équipe arrivée d'Arabie saoudite. La Turquie réclamé leur extradition mais l'Arabie saoudite a refusé. Pour le procureur général de l'Arabie saoudite, les personnes arrivées d'Arabie saoudite n'étaient pas autorisées à commettre ce meurtre et il s'agit d'une décision non initiée par le prince. Chose pas très convaincante pour l'opinion publique mondiale. De par la nature de la gouvernance, il est inconcevable qu'une telle action ait eu lieu en l'absence d'un ordre de la hiérarchie. L'Arabie saoudite étant loin d'être un modèle de démocratie, il est difficile de croire que les auteurs du meurtre aient agi de leur plein gré, et qu'ils ne craignaient pas la réaction du prince. Le procureur général dit que le meurtre de Khashoggi n'était pas autorisé par le prince d'Arabie saoudite. En refusant de dire où se trouve le corps de Khashoggi et une enquête mondiale, l'Arabie saoudite ne fait pas preuve de crédibilité, mais de tentative d'innocenter le prince. La Turquie a appelé à une enquête mondiale. Amnesty International soutient l'idée d'enquête mondiale, mais refusée par l'Arabie saoudite.
La Turquie ne croit pas l'Arabie saoudite
La Turquie dispose d'un deuxième enregistrement audio contredisant la version donnée jeudi par le procureur saoudien sur le meurtre à Istanbul du journaliste Jamal Khashoggi, a dit hier un journal turc. L'éditorialiste turc Abdulkadir Selvi a affirmé vendredi dans le quotidien Hürriyet qu'un enregistrement sonore du meurtre dont disposent les autorités turques montrait qu'aucune tentative de négocier avec Khashoggi pour le persuader de rentrer en Arabie saoudite avait eu lieu. Selon lui, le journaliste n'a pas été drogué mais étranglé ou étouffé «à l'aide d'une corde ou d'un sac en plastique». D'après M.Selvi, les services turcs sont également en possession d'un deuxième enregistrement sonore de 15 minutes réalisé avant le meurtre, qui ne laisse aucun doute sur le caractère délibéré du crime. Dans cet enregistrement, «on entend l'équipe saoudienne en train de discuter de la façon d'exécuter Khashoggi, passer en revue son plan préparé à l'avance et rappeler à chacun de ses membres son rôle», selon M.Selvi. «Des preuves ont également été recueillies après le meurtre, sous forme d'appels téléphoniques à l'international par l'équipe saoudienne», a ajouté l'éditorialiste. Le procureur général saoudien a requis jeudi la peine de mort contre cinq accusés pour leur rôle dans le meurtre de Jamal Khashoggi, affirmant que le journaliste avait été «drogué, tué et démembré» au consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre, mais le royaume a totalement dédouané le prince héritier Mohammed ben Salmane. Selon le procureur saoudien, une équipe a été dépêchée à Istanbul avec pour mission de ramener le journaliste de gré ou de force à Riyad, mais son chef a pris sur place la décision de le tuer sans consulter ses supérieurs. Il a affirmé que le journaliste avait alors été «drogué et démembré» dans la mission diplomatique et que ses restes avaient ensuite été remis à un «collaborateur» à l'extérieur du consulat. Jamal Khashoggi a été tué le 2 octobre dernier au consulat saoudien à Istanbul où il s'était rendu pour des démarches administratives. Après avoir d'abord nié le meurtre, les autorités saoudiennes ont fini par reconnaître que l'éditorialiste avait trouvé la mort lors d'une opération «non autorisée». Plus d'un mois après sa mort, son corps n'a toujours pas été retrouvé. Les autorités saoudiennes démentent avoir ordonné son assassinat. La Turquie mène sa propre enquête sur cet assassinat. Le 31 octobre, le procureur général d'Istanbul a annoncé que, dès son arrivée au consulat, Jamal Khashoggi avait été tué par étranglement, son corps ayant par la suite été démembré. Il a souligné le caractère prémédité de ce crime, élément qu'avait donné le parquet saoudien le 25 octobre. Le journaliste s'était exilé en 2017 aux Etats-Unis et publiait régulièrement dans le journal The Washington Post des tribunes critiques envers ben Salmane, le prince d'Arabie saoudite.


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