Mohamed Aïssa met fin aux espoirs des imams. Il n'y aura pas d'augmentation de salaires, ni de révision de leur statut particulier. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs a affiché un niet catégorique, quant à la principale revendication des syndicats des imams, remise sur la table ces derniers jours. «Tant que la révision des statuts particuliers est gelée en Algérie, je ne vois pas d'horizon pour réviser le statut particulier de l'imam, et il percevra le même salaire qui lui est attribué actuellement», a déclaré Aïssa, jeudi, lors d'une séance de présentation du bilan de son département devant la a Commission de l'éducation de l'Assemblée populaire nationale (APN). Des propos qui coupent court devant les appels des imams à une revalorisation salariale conséquente. Ces derniers, à travers leurs syndicats, ont réclamé une rémunération mensuelle de 100.000 DA. La semaine dernière, Djamel Ghoul, président du Conseil national autonome des imams, a estimé que ces hommes de religion devraient percevoir un salaire de 100.000 DA, jugeant «dérisoires» les «34 000 DA qu'ils perçoivent actuellement». «Nous sommes classés à la catégorie 13 de la Fonction publique, au même titre que d'autres fonctionnaires d'autres secteurs, mais qui ont un salaire beaucoup plus élevé que le nôtre», avait soutenu Ghoul, qualifiant cet écart de «Hogra». En effet, les imams trouvent injuste cette différence, surtout qu'ils sont diplômés de licence, comme les enseignants des sciences islamiques au cycle secondaire. Sauf que ces derniers sont beaucoup mieux payés. À ce détail, le ministre des Affaires religieuses trouvent des justificatifs. Expliquant que «l'imam perçoit son salaire selon le statut général de la Fonction publique». Mohamed Aïssa dira que l'imam-professeur diplômé d'une licence «n'est pas différend» d'un enseignant en sciences islamiques au lycée, également porteur d'une licence. «La seule différence est dans le régime indemnitaire, puisqu'il y a certaines missions dans le secteur de l'éducation qu'on ne trouve pas dans les mosquées», a-t-il fait savoir. Ainsi, à comprendre les réponses de Aïssa, les imams doivent attendre que le dossier de la révision des statuts soit ouvert, pour espérer arracher une augmentation salariale. En attendant, le ministre explique que l'Etat apporte un soutien social à l'imam, à travers les collectivités locales et l'administration centrale. Un soutien auquel ne trouve aucune trace Djelloul Hadjimi, secrétaire général de la Coordination nationale des fonctionnaires du secteur des Affaires religieuses. «De quel soutien parle-t-il ?», s'est interrogé l'imam sur le plateau d'une chaîne privée. Hadjimi rappelle que le ministre a promis, dès son arrivée à la tête du secteur, «des solutions à nos problèmes et une augmentation de salaire entre 40% et 60%», dénonçant «un double discours». Plus encore, le syndicaliste relève «une politique de deux poids, deux mesures», puisque d'après lui, le statut de l'imam n'a jamais été révisé, alors que le statut particulier des travailleurs de l'éducation nationale l'a été au moins à 4 reprises. Djelloul Hadjimi ne terminera pas sans prévenir que de telles suites aux revendications des imams «risquent de pousser à la protestation». «Notre base n'a pas cessé de plaider en faveur d'actions de protestation, mais jusque-là, nous l'avons seulement calmé», a-t-il averti. Fetwa : «Une académie, pas un cheikh» Par ailleurs, Aïssa est revenu sur le chantier de la Grande mosquée d'Alger, précisant qu'il sera réceptionné «à la fin décembre 2018», mais cela ne signifie pas son inauguration, «laquelle décision relève du président de la république». Enfin, et s'agissant du mufti de la République, le ministre a conclut que la réflexion et les débats ont prouvé que «l'Algérie a besoins d'une institution sage, et non pas d'un cheikh qui nous impose sa vision». Cette institution sera concrétisée sous forme d'une académie de fetwa, et mise en place dans le cadre du plan d'action du gouvernement avant avril 2019.