Le prince héritier, vice-président du Conseil des ministres et ministre de la Défense d'Arabie saoudite, l'Emir Mohammed Ben Salmane, a achevé hier soir une visite controversée de deux jours en Algérie. Une visite aux relents économiques mais aussi à forte portée politique pour le prince héritier du pouvoir en Arabie saoudite, un homme très mal vu par les dirigeants mondiaux depuis l'affaire de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, le 2 octobre dernier à Istanbul (Turquie). Le réformiste qui a gagné la sympathie du monde il y a un an, avec l'annonce de réformes audacieuses dans le royaume, allant jusqu'à remettre en cause la doctrine wahhabite, a été piégé par le meurtre du journaliste. Il y a quelques six mois, il avait révélé que l'Arabie saoudite avait propagé l'idéologie wahhabite à la demande de ses alliés occidentaux, pendant la guerre froide, pour contrer l'URSS. L'Algérie a payé un bien lourd prix pour cette propagation du wahhabisme. Séduisant la communauté internationale, MBS a annoncé des réformes, accordant quelques droits aux femmes et ouvrant son pays au tourisme, au cinéma et aux arts de manière générale. Son estime est tombée au plus bas niveau et ses déplacements à l'étranger sont contestés depuis l'assassinat de Khashoggi dont le corps n'a toujours pas été retrouvé. MBS est soupçonné d'avoir commandité l'assassinat. En Tunisie, des manifestations ont eu lieu contre sa visite très courte. En Algérie, sa venue a été rejetée par plusieurs partis politiques et des intellectuels. «Les Algériens ne peuvent souhaiter la bienvenue au prince héritier saoudien», a déclaré Abderrazak Makri, président duMSP. Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), a qualifié sa visite de «grosse provocation». Plusieurs intellectuels ont dénoncé dans une déclaration publique cette visite. Pour les autorités officielles, la visite de MBS s'inscrit dans le cadre de «la consolidation des relations privilégiées entre les deux pays et peuples frères et permettra de donner un nouvel élan à la coopération bilatérale et de concrétiser des projets de partenariat et d'investissement, en ouvrant de nouvelles perspectives aux hommes d'affaires en vue d'augmenter le volume d'échange commercial et d'élargir le partenariat économique entre les deux pays». La visite du prince héritier saoudien a été aussi l'opportunité d'examiner et d'échanger les points de vue sur les questions politiques et économiques arabes et internationales d'intérêt commun, à leur tête la question palestinienne et les situations dans certains pays frères, outre les évolutions du marché pétrolier, a-t-on ajouté. Cinq projets de partenariat Sur le plan économique, cinq (5) projets de partenariat conclus entre l'Algérie et l'Arabie saoudite dans plusieurs domaines ont été inaugurés hier, en prévision de leur entrée en service début 2019. Les dits projets ont été inaugurés lors de la 12e session du Conseil d'affaires algéro-saoudien, coprésidé par le ministre de l'Industrie et des Mines, Youcef Yousfi, et le ministre saoudien du Commerce et de l'Investissement, Madjed Abdullah Al Qassabi, en marge de la visite du prince héritier saoudien. A cet effet, des partenariats ont été établis entre les opérateurs algériens et saoudiens pour concrétiser 5 projets de partenariat dans plusieurs wilayas du pays. Ces projets concernent la chimie minérale, le traitement des minéraux et l'industrie des produits chlorés, de l'hydroxyde de sodium ou la soude caustique et la soude destinée à la purification de l'eau par la société saoudienne Adwan Chemicals. Il s'agit également du projet d'industrie pharmaceutique confié à la société saoudienne Tabuk Pharmaceuticals avec une capacité de production de 10 millions d'unités. Il a été procédé, en outre, à l'inauguration d'un projet de fabrication de papier hygiénique par la société saoudienne Paper mill, d'une capacité de production de 30.000 tonnes pour un coût de 20 millions de dollars et un autre dans le secteur agroalimentaire relatif à la production de jus dans la wilaya de Blida par Aujan Groupe Holding (AGH). M. Yousfi a exprimé la volonté de l'Algérie de promouvoir le partenariat et les investissements entre les deux pays et s'est dit satisfait de la disposition des deux pays à hisser la coopération dans le domaine de l'industrie et d'autres secteurs. Le secteur de l'industrie, a-t-il dit, figure en tête des secteurs qui s'attellent à concrétiser des projets de partenariat entre les deux pays, soit 12 projets d'un montant de 14 milliards de DA et ce, dans les domaines des produits chimiques, du bâtiment, de l'industrie alimentaire et de la sidérurgie.