Les champs et les oliveraies ont repris leurs couleurs de saison depuis quelques jours à Bouira, à la faveur du début de la cueillette des olives lancée dans une ambiance de joie, de partage et de solidarité. Chaque jour, les familles accompagnées de leurs enfants retrouvent les champs dès huit heures du matin malgré le froid glacial en ces temps d'hiver. Les cris et les brouhahas des bambins créent souvent un décor particulier à travers les champs d'oliviers. Dans les flancs est et nord de la wilaya de Bouira notamment, les familles des paysans profitant du soleil dominant, reprennent le chemin des oliveraies en mobilisant les outils indispensables à la conquête des oliveraies, dont échelles, bâches, scies, ciseaux et peignes. Tout le monde se mobilise, petits et grands, afin de collecter la totalité du produit avant la dégradation des conditions météorologiques. «C'est vraiment un grand plaisir de revenir dans ces champs cueillir les olives avec ma mère et le reste de ma famille, notamment durant les week-ends ; nous oublions un peu les tracas de la vie et les tintamarres de la ville», s'est réjoui Chérif, venu de Bouira au village montagneux d'Aguouillal. «En plus de cueillir nos olives, nous passons ensemble en famille des moments inoubliables malgré la fatigue que nous ressentons en fin de journée», a-t-il confié à l'APS. A El-Adjiba, M'Chedallah, Semmache, Ahnif et Ath Mansour, Haizer (Est), et Ahl Laksar (Sud), les champs ont repris leur vie avec un espoir des oléiculteurs locaux d'un bon rendement malgré la mouche de l'olive qui a touché de nombreux arbres, notamment à El-Asnam, Haizer et El-Adjiba. Les cueilleurs ne lésinent aucunement sur les moyens afin de bien exploiter les oliviers avant le retour des pluies. Avec un esprit de solidarité, certains paysans et leurs familles terminent parfois très tôt leur collecte, et viennent souvent en aide aux proches qui en ont besoin. «Chaque année, nous terminons notre cueillette, et nous aidons les autres familles à terminer la leur ; c'est sacré et ancré dans nos traditions de fraternité, donc nous faisons ça dans le cadre de la touiza (bénévolat)», a expliqué Tassaâdit, une jeune paysanne de Semmache, une localité relevant de la commune d'El-Adjiba. Tôt le matin, les villageois entourent les oliviers, certains en gaulant et d'autres en ramassant les olives tombées à terre. Il est vrai que le ramassage des olives est une besogne harassante et fatigante, mais il contribue à la consolidation des liens familiaux et entre villageois. Les oléiculteurs et la DSA confiants A travers les différentes régions oléicoles de la wilaya de Bouira, les agriculteurs se sont montrés sûrs et confiants quant à la récolte et au rendement cette année en matière d'olive et d'huile. «C'est vrai qu'au début, il y avait cette mouche de l'olive qui a touché le produit, mais nous pouvons espérer une bonne récolte et un bon rendement», a expliqué Amar, un paysan d'Azaknoun (El-Adjiba). Selon lui, la moyenne de la production sera entre 18 et 22 litres par quintal, soit 50% de la production. Ce constat a été approuvé par le directeur des services agricoles (DSA) de la wilaya de Bouira, Ganoun Djoudi, qui table sur une production de plus de 7,5 millions de litres cette saison. En matière d'olives, la DSA table sur une production de 30 quintaux à l'hectare avec un rendement de 16 à 18 litres par quintal. «La wilaya de Bouira dispose de 37.000 hectares de superficie oléicole, dont 27.000 en production. Une production prévisionnelle de 7,5 millions de litre est en hausse par rapport aux prévisions de l'an dernier», affirme le Directeur des services agricoles (DSA) de la wilaya. Elle dispose de 211 huileries, dont 88 ultramodernes et semi-automatiques et 44 traditionnelles assurant une production de bonne qualité, a relevé le DSA. A El-Adjiba, Bennane Kaci, propriétaire d'une huilerie semi-automatique, a expliqué que la campagne oléicole vient de commencer et dit s'attendre à une production abondante. Le rendement oscille jusqu'à présent entre 17 et 18 litres par quintal, a-t-il relevé. «Il y a une bonne qualité d'olives cette saison. La preuve est là : jusqu'à présent, nous avons pu avoir 400 litres d'huile pour une quantité de 26 quintaux», s'est-il réjoui.