Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrazak Makri, ne se décourage pas quant à l'issue de son appel au report de l'élection présidentielle du printemps prochain. Bien au contraire, il croit fort que cette option n'est pas à écarter, estimant que sa demande commence à faire l'unanimité au sein des partis de l'alliance. Rejetant la prolongation de l'actuel mandat présidentiel, le président du parti islamiste a expliqué, dans un texte publié sur sa page facebook, que son appel au report de la présidentielle repose sur deux objectifs principaux : entamer des réformes politiques sérieuses et réaliser le consensus national. Pour lui, «les réformes profondes et sérieuses doivent prendre le temps nécessaire pour être réalisées qui est d'un an». Le plus important de ces réformes est l'équilibre du système politique pour mettre fin à l'ère des larges prérogatives présidentielles au profit d'un gouvernement issu de la majorité parlementaire. Dans ce sens, Abderrazak Makri appelle à la révision de la loi électorale et à revoir les attributions de l'instance indépendante d'organisation des élections afin de mettre fin à la fraude électorale. Par la suite, le président du MSP détaille son projet de consensus national que le parti a lancé il y a deux ans mais qui s'est soldé par un échec en raison de son refus par les partis du pouvoir et ceux de l'opposition. «Le consensus national n'a aucun sens sans la présence de l'opposition», a-t-il affirmé avant de critiquer l'appel du président de TAJ Amar Ghoul à l'organisation d'une conférence nationale inclusive sous le patronage du président de la République. «Il n'y a aucun sens à ce que des partis de la coalition tambourinent pour la tenue d'une conférence, sans fournir aucun effort en faveur du dialogue pour que l'opposition réelle y participe. L'idée de la tenue d'une conférence est venue de plusieurs personnalités et partis de l'opposition qui a été détournée ensuite par les partis loyalistes sur injonction comme d'habitude, pour ensuite la diluer et la vider de sa substance», a-t-il souligné. Selon lui, «ce qui ouvrira l'horizon politique et pourra convaincre les forces nationales, structurées ou non, de faire face aux défis est la sincérité dans la réalisation du consensus et des réformes». L'appel de Makri au report de la présidentielle qui intervient à moins de cinq mois de l'échéance n'est pas trop critiqué, ce qui pourrait être interprétée comme une option à ne pas écarter. Même un parti d'opposition comme le RCD estime qu'il n'est pas gêné par le report, pour peu que cela serve à préparer les conditions pour la tenue d'une élection libre et transparente. Le parti appelle à en profiter pour mettre en place une instance indépendante d'organisation des élections et de garantir les conditions d'une saine compétition électorale. Les partis au pouvoir adoptent une position prudente face à la question. L'Instance de coordination des partis de l'Alliance, qui regroupe le FLN, le RND, le TAJ et le MPA, qui s'est réunie il y a quelques jours au siège du RND à Alger, n'a pas pris position. Dans le communiqué sanctionnant les travaux de la réunion, les quatre partis se sont dits prêts à examiner toutes les initiatives et propositions politiques visant à approfondir et parachever le processus des réformes politiques entamées par le Président Bouteflika.