En compétition dans le cadre du 13e Festival national du théâtre professionnel (Fntp) qui se tient à la salle Mahieddine Bachtarzi (TNA) à Alger, la pièce «Tahcil El Hacel», une satire qui met en garde contre l'anéantissement de la Nation arabe, a été présentée, vendredi, devant un public connaisseur. Le festival national du théâtre professionnel qui tire à sa fin a vécu de bons moments, vendredi soir, avec la présentation de la pièce «Tahcil Hacel» à la salle Mahieddine Bachtarzi ( TNA) où le public était nombreux. Ce public connaisseur a pu apprécier les évènements rocambolesques du spectacle «Tahcil El Hacel» (enfoncement du tourmenté dans davantage de problèmes), produit par le Théâtre régional d'Oum El Bouaghi et mis en scène par Lahcène Chiba sur un texte de Ali Tamert. Une simulation théâtrale, visant à montrer ce qui se passe dans l'imaginaire de tout un chacun, a donné lieu à un microcosme social, rendu par un jeune couple qui va assister impuissant à une succession d'intrusions d'inconnus masqués dans leur maison, s'apparentant à différentes factions rivales, en guerre à plusieurs endroits dans les pays arabes. Pages d'histoire S'autodétruisant les uns les autres, les auteurs de cette «violation de domicile caractérisée», enfants d'une même et grande nation, vont s'entretuer, symbolisant leur mort par le jet de leurs masques dans la corbeille à ordures, montrant ainsi, «à quoi ils en sont arrivés», selon Lahcène Chiba. Dans une satire, puisant dans le registre des théâtres, grotesque et absurde, et s'inspirant dans la direction d'acteurs des méthodes biomécaniques de Meyerhold, le couple, image du peuple algérien dans leur maison, l'Algérie donc, bien qu'il essaye de discuter avec les parties en conflit, observe une neutralité affichée, à travers le gris des accoutrements qu'il portait. La trame, au fil «fragile», a été nourrie par plusieurs situations distinctes qui prennent chaque fois fin avec l'intervention violente du personnage interprétant l'histoire, qui apparaît déchirant les pages qu'il venait tout juste de consacrer à l'évènement qui venait de se terminer par la mort de son (ou ses) auteurs. Dans le rôle des époux, frappés par l'urgence absolue du moment, Soumiya Bounab et Hichem Guergah, époustouflants d'énergie, ont brillé sur scène, dans un jeu burlesque, précis et juste, appuyé par de belles acrobaties, occupant tous les espaces de la scène et tirant vers le haut, la dizaine de comédiens qui les ont accompagnés. Les comédiens de la troupe du théâtre régional d'Oum El Bouaghi dont Amina Feriek, Rachid Maâmriya, Tarek Achba, Loucif Merzoug et Nadjib Zeroual, ont brillamment servi le spectacle en entretenant avec les deux jeunes premiers, des échanges intenses au rythme ascendant et soutenu. La scénographie, une œuvre réussie de Abdelghani Taïbi, était faite de longs pantalons blancs que les comédiens ont utilisé suggérant des silhouettes de morts dans le cimetière, ainsi qu'un ensemble de chaises, faisant fonction d'une sorte de salle d'attente, où chacun attendait son tour pour commettre son intrusion dans le domicile du jeune couple. Emotion La bande-son, œuvre de Abdelkrim Khomri, a été tout aussi concluante avec des lignes mélodiques et quelques bruitages inspirant le doute et l'incertitude, «contexte de toutes ces révolutions dans les pays arabes», de l'avis de Ali Tamert, appuyée dans la création des atmosphères lugubres du cimetière, par un éclairage quelque peu assombri. L'Histoire qui se donne la mort à la fin du spectacle, «Tahcil El Hacel», a su traduire le fort intérieur de chacun à travers les différents rôles distribués, dotés de codes judicieusement simplifiés par le metteur en scène, pour rendre la lecture des évènements plus accessible à l'assistance, lui permettant de saisir le péril qui frappe les pays arabes. Le public, savourant chaque instant de la pièce dans l'allégresse et la volupté, a longtemps applaudi les artistes, dont certains avaient les larmes aux yeux, à l'issue de la représentation sous de forts applaudissements. Ouvert le 22 décembre dernier, Le 13e Fntp se poursuit jusqu'au 31 du mois courant. Au-delà des spectacles en compétition au nombre de dix-huit, le Théâtre municipal d'Alger-Centre (ex-cinéma «Le Casino») accueille huit autres spectacles en off.