Qui croire entre la ministre de l'Education nationale et les syndicats autonomes du secteur? Les deux parties se renvoient la balle, quant au dialogue resté au point mort et sans aucune avancée palpable, à même de projeter une stabilité dans les écoles. Pour les syndicats autonomes, Nouria Benghabrit doit revoir sa copie avant de leur infliger le retard pris dans la prise en charge des problèmes. Depuis la wilaya de Bordj Bou-Arreridj où elle effectuait une visite de deux jours, la ministre a affirmé, lundi, qu'un projet de protocole d'accord a été proposé aux syndicats du secteur ayant trait à leurs propositions, et que son département était dans l'attente d'une réponse officielle. Ceci, bien que les syndicats avaient déjà expliqué que les réponses étaient en deçà des attentes. Une véritable cacophonie. Mais, «pas dans le camp des organisations syndicales », insiste Meziane Meriane. Le coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), joint hier par nos soins, estime que « s'il y a cacophonie, elle est dans le camp du ministère de l'Education ». « On a décidé de répondre collectivement et c'est déjà fait. Nous avons dit que suite à différentes réunions que nous avons tenues, on a l'impression que ceux qui ont rédigé le projet de Procès verbal ne sont pas ceux qui ont participé auxdites rencontres », précise notre interlocuteur. Il explique que ce dont ils avaient discuté et ce qui a été écrit dans le projet de PV, est « totalement différent ». Meriane s'étonne d'ailleurs qu'« il y a eu des réponses à des points qu'on n'a même pas soulevés». Plus encore, et concernant le point relatif au statut particulier discuté dans le cadre de la commission mixte pendant trois ans, la tutelle a précédemment répondu que « le texte était au niveau de la commission Ad hoc, qui est l'étape finale ». Paradoxalement, la semaine passée, les syndicats reçoivent, révèle Meriane, « une invitation pour le 6 février, afin de discuter des incohérences contenues dans le statut particulier ». « Soyons sérieux !», s'indigne-t-il, annonçant que « les syndicats n'iront pas » à la réunion d'aujourd'hui. Selon le coordinateur du Snapest, « ce qu'il faut, c'est d'aller profondément dans les réponses, et tracer un calendrier pour l'application des promesses lorsqu'il y en a ». Meziane Meriane regrette enfin que « la sincérité » des syndicats qui sont allés négocier, n'ait pas trouvé la considération du côté de la tutelle. Même regret chez Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et des la formation (Satef). Pour lui, le problème de la ministre, « ce sont ses conseillers qui lui transmettent de fausses informations ». Amoura explique en effet, que son syndicat « lui a remis les réponses sur le projet de PV depuis le 24 janvier dernier ». Il s'agit de « six réserves », que le Satef a émises «sur la première page du même document », par rapport à ce qui a été arrêté dans la réunion, renvoyé donc à la tutelle. Ce n'est que lundi dans l'après-midi, affirme le syndicaliste, que le Satef a reçu un appel du ministère, lui demandant « de refaire les réserves sur du propre ». « On nous répond après 11 jours », se demande, surpris, Amoura. De plus, notre interlocuteur rejette le fait que Mme Benghabrit parle de réponse officielle. « Si remettre des réserves avec un cachet à l'un de ses conseillers n'est pas officiel, je ne sais pas comment peut-on continuer à travailler avec ces gens là », dénonce-t-il. Et de suggérer à la ministre de l'Education « de discuter d'abord avec ses conseillers ». Boualem Amoura reproche à la première responsable du secteur « de tenter par ses déclarations, de blâmer les syndicats, et leur faire porter le chapeau ». Mais cela n'ébranlera en rien leur détermination, puisqu'il insiste que l'intersyndicale des six organisations tiendra sa réunion à la mi-février, pour décider des suites à donner à la grève du 21 janvier. « Il y aura un autre plan de protestation », annonce-t-il d'ores et déjà.