La saison des prix Nobel débute lundi et pourrait récompenser les physiciens qui ont découvert la "particule de Dieu" aussi bien qu'une adolescente pakistanaise qui a frôlé la mort. La palette des candidats montre que le prix Nobel, récompense vue comme la plus prestigieuse au monde, couronne des combats intellectuels contre les énigmes de la nature aussi bien que ceux, plus dangereux, contre les violations des droits de l'Homme. Lundi, ce seront les avancées pour la connaissance du corps humain qui seront à l'honneur quand Göran Hansson, secrétaire du Comité Nobel pour la physiologie ou la médecine, révélera le ou les lauréats à 09H30 GMT à l'Institut Karolinska de Stockholm. Mardi pourrait voir le couronnement des chercheurs qui ont découvert le boson de Higgs, une percée vue comme l'une des plus grandes réalisations scientifiques du siècle. Sans ce boson, disent ses théoriciens, nous-mêmes et tous les atomes joints de l'univers n'existerions pas. Pourtant, ces chercheurs pourraient attendre. Officiellement, il reste une possibilité, même lointaine, que la particule ne soit pas vraiment le boson de Higgs que cherchaient les physiciens, mais une particule nouvelle. Récompenser cette découverte pose d'autres soucis. Faut-il mettre à l'honneur les théoriciens ou les praticiens? Comment couronner une découverte qui a nécessité les efforts de milliers d'individus? Selon Maria Gunther Axelsson, journaliste scientifique au quotidien suédois Dagens Nyhteter, le prix de physique va reconnaître la nature collective de cette avancée. Elle a prédit qu'il serait partagé entre l'un des deux premiers théoriciens, le Belge François Englert (son comparse Robert Brout étant décédé), et les auteurs des premiers résultats expérimentaux, l'Italienne Fabiola Gianotti et l'Américain Joseph Incandela. Pour le prix de la paix, vendredi, 259 candidats ont été nommés. L'Institut Nobel norvégien garde leurs noms secrets. Pakistanaise qui a survécu après avoir reçu une balle dans la tête de talibans qui voulaient stopper son combat pour l'éducation des filles, Malala est donnée favorite à 2 contre 1 par le bookmaker Paddy Power. Son très jeune âge, 16 ans, fait déjà débat. "Je ne suis pas sûr qu'il serait convenable, d'un point de vue éthique, de donner le prix Nobel de la paix à une enfant", a déclaré à l'agence de presse norvégienne NTB le directeur de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), Tilman Brück. Autres favoris des parieurs: Denis Mukwege, médecin qui soigne les femmes violées en République démocratique du Congo, et Bradley Manning, ancien soldat américain condamné pour avoir transmis des montagnes de documents confidentiels à WikiLeaks. En littérature, Ladbrokes place en haut de sa liste le Japonais Haruki Murakami (3 contre 1), l'Américaine Joyce Carol Oates (6 contre 1) puis, beaucoup moins connus, le Hongrois Peter Nadas (7 contre 1) et le Norvégien Jon Fosse (9 contre 1). La date de l'annonce n'est pas encore officiellement connue, même si traditionnellement ce prix est décerné le jeudi entre la chimie et la paix. En chimie, Lena Nordlund, journaliste scientifique de la radio publique suédoise, disait qu'il n'y avait pas de favori clair. L'économie clôt traditionnellement la saison, le prix sera décerné le 14 octobre. Des Américains sont favoris. Hubert Fromlet, économiste suédois qui a plusieurs pronostics justes à son actif, a avancé dans le quotidien Svenska Dagbladet les noms de Robert Barro (Harvard) et Stephen Ross (MIT). Il croit aussi aux chances d'un Français, plutôt jeune par rapport à la moyenne des Nobel d'économie, Jean Tirole (Toulouse School of Economics).