Le président de l'Académie algérienne de la langue amazighe, Mohamed Djelaoui a affirmé que «le choix du caractère pour la transcription de la langue amazighe est du ressort de l'académie et personne d'autre n'a le droit de se mêler de cet aspect». «Certes que chacun donne sa vision sur ce sujet, mais le dernier mot revient à l'académie», a-t-il affirmé en marge d'une table ronde organisée, hier, au niveau de la bibliothèque principale de la lecture publique du Centre-ville organisée dans le cadre du programme de la célébration du 3e anniversaire de l'officialisation de la langue amazighe initié par la direction de la culture de Tizi-Ouzou. Djelaoui a indiqué que «cette question de la graphie ne peut pas être abordée sans qu'il y ait des commissions scientifiques de suivi pour choisir le caractère dialectal bien défini» «Nous sommes prêts à choisir le caractère le plus approprié pour la promotion de la langue amazighe», a-t-il encore indiqué tout en précisant que la transcription de cette langue n'est pas une urgence, puisqu'il y a des questions qui nécessitent beaucoup de réflexion et de concentration, notamment la mise en place d'un dictionnaire référentiel de la langue amazighe, comme stipule la loi organique de cette académie. «Ce dictionnaire n'est pas une question facile, mais elle nécessite beaucoup d'efforts de la part des chercheurs». Le même interlocuteur a souligné que l'académie fait référence au travail effectué par les chercheurs linguistiques depuis un demi-siècle pour aboutir à un résultat de qualité pour la promotion et le développement de cette langue. En outre, il a fait savoir que les membres de l'académie ne sont pas installés officiellement et même son siège n'est pas encore identifié. Djelaoui a révélé 06 points de base peuvent servir l'académie, tout en félicitant le peuple algérien pour l'installation de celle-ci. «Nous venons de célébrer le 3e anniversaire de l'officialisation de Tamazight, langue nationale dans la Constitution. C'est un acquis tant attendu depuis de longues années de militantisme identitaire pour la promotion de cette langue. L'officialisation de Tamazight a été concrétisée grâce aux militants qui ont sacrifié leur vie pour atteindre cet objectif qui est devenu aujourd'hui, une réalité». «Je rends un vibrant hommage à ces militants. La mission de l'académie est très lourde et nécessite encore beaucoup de travail scientifique», dira le conférencier d'après qui, les membres de l'Académie doivent travailler en étroite collaboration avec les chercheurs et les universitaires dans le domaine de la recherche scientifique de la langue amazighe pour contribuer au développement de cette langue maternelle à travers leurs visions et leur savoir-faire linguistique. Pour illustrer ses propos, il a affirmé que l'article 07 de la loi organique de cette académie stipule d'autoriser les chercheurs et académiques spécialisés dans la littérature et la culture amazighes à contribuer pour son développement. Interrogé sur la déception des militants de la cause identitaire au sujet de la composante de l'académie qui a été annoncée en mois de janvier dernier, le président de l'Académie algérienne de la langue amazighe a affirmé que c'est trop tôt pour parler de ses membres. «Je n'ai pas encore rencontré ses membres pour savoir s'ils sont compétents ou pas. J'aurais aimé à ce que les collègues amis ayant contribué à la promotion de Tamazight soient membres de l'Académie, mais vu la dimension nationale attribuée à cette dernière, il a été décidé la répartition équitable de la composante à travers le territoire national», a fait savoir Djelaoui. Dans le même sillage, il a tenu à rendre un vibrant hommage aux chercheurs linguistes de la langue amazighe en l'occurrence Ramdane Achab, Kamel Naït Zerrad, Tassadit Yacine, Youcef Nacib et Salem Chaker. Pour sa part, Hamid Billak chercheur en patrimoine culturel amazigh plaide à ce que «la transcription de Tamazight soit en latin pour assurer une meilleure gouvernance de cette langue», «sachant que ce caractère est le plus enseigné, que ce soit dans l'université ou bien dans le secteur de l'éducation nationale», fera-t-il savoir. Plus de 1 million élèves qui ont étudié la langue en latin. Ajouté à cela que «l'ensemble des séminaires organisés par le Haut commissariat de l'Amazighité (HCA) depuis sa création en 1995 plaident pour l'aménagement linguistique soit en caractère latin».