L'équipe devant siéger à l'Académie algérienne de la langue amazighe est enfin désignée. Elle est composée de 40 membres et présidée par l'éminent professeur Mohamed Djellaoui. Doyen de la faculté des langues et lettres de l'université de Bouira et chercheur en langue et littérature amazighes, le Pr Djellaoui présidera cette institution pendant quatre ans. Il est surtout connu pour sa rigueur scientifique et son combat universitaire pour la promotion et le développement de la langue amazighe. C'est d'ailleurs lui qui a initié plusieurs colloques et rencontres nationales et internationales dédiées à la langue et la poésie amazighes. Mohamed Djellaoui a aussi à son actif plusieurs recherches académiques. Il avait soutenu une thèse de magistère sur les textes poétiques du chanteur-poète Lounis Aït Menguellet. Il a aussi réalisé un travail académique très fouillé sur le poète Saïd Ouchemouth, le poète des Ath Meddour. Mohamed Djellaoui sera épaulé dans son travail par un staff de chercheurs et universitaires, dont le très célèbre linguiste et anthropologue Abderrezak Dourari. Ce dernier s'impose comme une référence en matière de la linguistique et son apport dans le travail de l'Académie sera très important. Trancher la question de la transcription En tout cas, les membres de l'Académie de tamazight auront du pain sur la planche. Ils doivent – ils seront certainement confrontés à des polémiques – trancher plusieurs questions, en particulier celle liée au caractère de transcription de cette langue nationale et officielle. Des acteurs islamo-baathistes font, depuis notamment l'officialisation de tamazight, le forcing pour imposer sa transcription en caractère arabe, qui, selon des spécialistes, ne répond pas aux besoins de développement et de la promotion de cette langue. L'Académie, qui est «une institution nationale à caractère scientifique, dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière», devra mettre un terme, rapidement, à ce débat en vue d'avancer dans la mise en œuvre de ses missions scientifiques. Ces dernières consistent, selon la loi portant création de cette académie, «à normaliser et enrichir la langue amazighe et préserver ses variantes régionales». L'institution est aussi chargée d'établir les listes néologiques et des lexiques spécialisés en privilégiant la convergence. Elle devra également contribuer à la conservation du patrimoine immatériel amazigh, notamment par sa numérisation, et encourager toute recherche et traduction en langue amazighe. L'académie aura également une mission de recherche et d'édition. Elle est, en effet, chargée, selon le texte, «d'éditer les résultats des travaux de l'académie dans des revues et publications périodiques et en assurer la diffusion», comme elle sera appelé à «élaborer et éditer un dictionnaire référentiel de la langue amazighe».