«Testament tellurique» est le deuxième ouvrage de poésie d'Azar N-Ath Quodia, après «Cendres et poésies». Ce poète de l'exil montre une nouvelle fois qu'il est préoccupé par le devenir du pays. Le chimiste désormais poète invétéré a commencé ses études au village Adhrar à Tala-Bouzal dans la commune d'Aghribs, département de Tizi-Ouzou. Après l'obtention d'une licence en physique et chimie, il fut chargé des TD pour des candidats au baccalauréat du nouveau lycée des Aghribs. Militant infatigable de la cause berbère, il était aux premières loges des événements du «Printemps noir» de 2001 aux côtés des Arouchs daïras et communes d'Ath Djennad, où 126 jeunes furent assassinés en Kabylie. Affecté par la situation que vécurent les habitants de cette région et l'essoufflement du mouvement, Azar quitte le pays pour s'installer en France. Il y poursuivit ses études en s'intéressant à la poésie à la fois classique, libre et contestataire. Il affirme fortement son engagement viscéral pour l'identité berbère et pour une Algérie algérienne. «Testament Tellurique», d' Azar N-Ath Quodia, se reflète tel un moissonneur au crépuscule d'une journée de récolte. Transmission Tandis que la lumière décline, on entend par cette poésie réveiller les étoiles naissantes. Peu importe la langue dans laquelle est rédigé ce recueil, l'essentiel est la transmission. Passer du berbère à l'arabe, de l'arabe au français, toutes ces langues s'entrechoquent, s'entremêlent pour dire les clauses de ce testament tellurique dans la langue universelle de l'émotion. Le verbe est ici spontané et ne se préoccupe guère des modes ou des allégeances idéologiques. Le propos est politique pourtant, au sens antique, c'est-à-dire au sens premier. Il nous ramène à l'époque lointaine où l'exil était la peine la plus sévère que pouvait encourir le citoyen libre de la cité. Au fil de la translation du berbère à l'arabe et au français, de l'Algérie à la France son juste courroux s'émaille de toutes les nuances verbales que l'histoire a convoquées et cette poésie restitue cette polysémie du sens passé au percolateur des cultures. «Sèma – Sôma», disaient les anciens rappelant la filiation du signe et du tombeau, l'un et l'autre étant là pour évoquer ce qui n'y est pas ou ce qui n'y est plus. Tel est donc ce testament tellurique, recueil des ultimes volontés du déraciné comme un legs à des héritiers qui ne sauraient quoi faire pour réensemencer la friche de l'imaginaire. Une terre chargée d'une mémoire qu'il a jalousement préservée après que ses pères la lui ont transmise avec son substrat tellurique, au prix de combats terribles et d'efforts surhumains. L'amour de la terre «Testament tellurique» est un chant révolutionnaire, qui appelle une rédemption, et non un hymne à la guerre. C'est une élégie adressée aux déesses muse et liberté ; un sermon contre la vanité, la prétention, l'orgueil des mauvais, mais qui s'efforce de restituer la légèreté de l'être et l'encens pénétrant qu'exhale la terre meurtrie. «Testament tellurique» est le murmure des rivières, il est le chant des fontaines ; c'est le câlin frémissant de l'ocre aux rayons du soleil…C'est un flacon empli de cannelle, de basilic, de narcisse et de lavande mêlés de la fragrance des javelles. Sous le regard des poètes : c'est l'espoir et le désespoir qui luttent, c'est la lumière et l'obscurité qui se repoussent. L'amour de la terre et de ceux qu'elle porte, cherchant éperdument un nouveau destin, une nouvelle existence libérée du chaos. «Testament tellurique» est le chant de rébellion qui retentit depuis le cœur d'un résistant… «Testament tellurique» est un livre qui raconte un attachement indéfectible d'un homme à ses racines. Un recueil qui transcrit dans des mots magnifiques l'amour presque mystique que porte le poète à sa mère patrie. Un amour pur, beau, sincère qui semble avoir grandi avec l'homme, magnifié avec le temps, comme un vin qui se bonifie, un amour décuplé par un éloignement subit. Un amour blessé, malmené par l'histoire tumultueuse de cette terre ancestrale depuis la nuit des temps. «Testament tellurique» est une ode au ciel qui surplombe les cimes majestueuses du Djurdjura, un tissu magique qui lie le littoral et les hauts plateaux vers l'atlas et le Sahara au fin fond du pays.