Les citoyens, qui espéraient voir le marché de la ville inondé de fruits et légumes à des prix abordables en raison des dernières chutes de pluie, ont vite déchanté, car les produits exposés sur les étals sont quasiment inaccessibles pour les familles à revenu modeste. Une tournée dans les différents quartiers de la ville renseigne sur cet inexplicable hausse des prix qui intervient à une période où les produits agricoles sont censés être en abondance. La pomme de terre, les haricots verts, la tomate et les poivrons sont vendus à 60 DA le kilo, tandis que la carotte, la courgette, la salade et l'oignon sont écoulés entre 25 et 35 DA. Quant aux fruits, ils sont carrément hors de portée, en raison de leur prix excessivement élevé. Pour beaucoup de Bélabbésiens, une telle augmentation n'a jamais été enregistrée auparavant. Selon eux, durant cette période de l'année, les fruits et légumes de saison sont disponibles en quantité, surtout après une saison particulièrement pluvieuse. Beaucoup ne s'expliquent pas ce phénomène qui touche l'ensemble des marchés, y compris ceux considérés comme «pas chers» et où les bourses moyennes ont l'habitude de s'approvisionner. Pour les citoyens, «rien ne justifie cette augmentation dans la mesure où les conditions climatiques ont été particulièrement favorables et que l'Etat accorde des sommes faramineuses pour le développement des secteurs agricole et rural». Beaucoup considèrent qu'ils sont «en droit» de demander aujourd'hui des comptes à ceux qui en ont bénéficié et qui, pour mieux spéculer, continuent d'approvisionner le marché au compte-gouttes, comme cela est le cas pour la pomme de terre. D'autres dénoncent la mainmise de certains commerçants sur le circuit de distribution en imposant leur diktat depuis la production jusqu'au marché de gros où s'approvisionnent la plupart des détaillants de la wilaya. Des intermédiaires se chargent de l'enlèvement de la marchandise auprès des producteurs, alors que cette activité devrait être assurée par les fellahs eux-mêmes. Pour un membre de la corporation, la cause principale de cette flambée est à attribuer au coût élevé des frais d'exploitation des champs agricoles après la majoration des prix de l'énergie électrique, du carburant, des engrais et de la semence. Producteurs et distributeurs se renvoient la balle, pendant que les consommateurs en subissent les conséquences et ne savent plus à quel saint se vouer.