«Pacifique, pacifique», «Algérie libre et démocratique», criaient les manifestants, avant que Mme Assoul ne fasse quelques déclarations à la presse. Le rassemblement auquel a appelé le Mouvement Mouwatana pour contester le cinquième mandat, a drainé une foule nombreuse, majoritairement des jeunes des deux sexes, hier à la place Audin, à Alger. Le dispositif de sécurité très impressionnant déployé dès les premières heures de la matinée dans les points stratégiques de la commune d'Alger-centre (Place Audin, la Grande poste, Didouche Mourad, Emir Abdelkader, Telemly…) n'a pas dissuadé les manifestants, qui sont venus par centaines manifester leur désarroi. Des dizaines de manifestants ont été embarqués dans les fourgons de la police, et emmenés dans les commissariats de la wilaya, avant même l'entame de la manifestation à midi. Pendant la manifestation, des dizaines d'autres citoyens ont été interpellés. Mais cela n'a pas empêché la tenue du rassemblement. La tentative de l'empêcher a échoué, et les forces de l'ordre étaient dépassées par les manifestants qui arrivaient en groupes. Les commerces, ouverts normalement le matin, ont commencé à baisser rideaux au fur et à mesure que les rangs des manifestants augmentaient. L'ambiance était électrique. Boucliers et matraques en mains, les forces de l'ordre avaient du mal à maîtriser la situation, usant de gaz lacrymogènes pour disperser la foule en plusieurs groupes. Aux environs de 11h, Zoubida Assoul, membre de Mouwatana, arrive à la place principale d'Audin, en face du tunnel des facultés. Le président de Jil Jadid, Sofiane Djilali, et la militante Amira Bouraoui, membre de Mouwatana, sont arrivés par la suite sur la place du rassemblement. Sur place, Mme Assoul a été encerclée, avec quelques partisans, par la police. « Pacifique, pacifique », « Algérie libre et démocratique», criaient les manifestants, avant que Mme Assoul ne fasse quelques déclarations à la presse. «Nous sommes sortis contre le système politique, le cinquième mandat et pour l'Etat de droit et des libertés. Le peuple a vaincu la peur. Nous resterons mobilisés jusqu'à la chute du régime », a-t-elle lancé. Elle a ajouté que «le peuple est plus mature que le pouvoir, estimant que les défis de l'heure sont la construction d'un Etat de droit et des institutions, en garantissant l'alternance au pouvoir». Pendant ce temps, les policiers s'affairaient à embarquer les manifestants qui entouraient la membre de Mouwatana. La place est complètement encerclée par les forces de l'ordre, afin d'empêcher les protestataires de rejoindre le point du rassemblement à partir de la rue Didouche Mourad. Mais c'était sans compter sur la foule nombreuse qui descendait de cette place. Brandissant l'emblème national et des cartons rouges, les manifestants avançaient, submergeant totalement la place Audin, entonnant des slogans en faveur de la démocratie et de la liberté. «L'Algérie est une République et non une Monarchie», « pacifique, pacifique », lançaient les manifestants, à chaque fois qu'ils sont bousculés par les cordons de policiers. Dépassés par l'ampleur des choses, les forces de l'ordre ont utilisé le gaz lacrymogène. Les manifestants se retireraient juste pour reprendre le souffle avant de revenir. Séparés en plusieurs groupes, ils continuaient à faire part de leur colère contre le pouvoir. C'est vers 15h30mn que les manifestants ont, en grande partie, quitté les lieux, et les agents de l'ordre ont commencé à se retirer.