«Manifester est un droit constitutionnel. Jusque-là les choses se sont déroulées d'une manière pacifique mais en même en temps, j'avertis contre les manipulations ou les tentatives de certains milieux de vouloir infiltrer ce climat pacifique et mener le pays vers l'inconnu» Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, s'est exprimé à nouveau sur les manifestations contre le cinquième mandat qui ont touché toutes les wilayas du pays, avant-hier, à la veille des marches d'hier. A l'APN, à la clôture des débats sur la déclaration de politique générale du gouvernement, M. Ouyahia a affiché ses craintes quant à la manipulation du mouvement. «Manifester est un droit constitutionnel. Jusque-là les choses se sont déroulées d'une manière pacifique mais en même en temps, j'avertis contre les manipulations ou les tentatives de certains milieux de vouloir infiltrer ce climat pacifique et mener le pays vers l'inconnu», a-t-il lancé. L'orateur est allé jusqu'à citer l'exemple de la Syrie, provoquant la colère des députés de l'opposition. «Les citoyens ont offert des roses aux policiers, c'est beau, mais je rappelle qu'en Syrie, ça a commencé aussi avec les roses», a-t-il souligné. Pour protester contre ce propos, des députés de l'opposition ont quitté l'hémicycle. Et à Ouyahia de les accuser de vouloir le chaos. «Je leur dis la vérité et ils se lèvent pour confirmer qu'ils veulent le chaos», a-t-il poursuivi, appelant à la vigilance afin de préserver la stabilité du pays. «Le peuple doit faire preuve de vigilance quant aux appels anonymes, notamment face aux tentatives de certains milieux étrangers de s'incruster dans ces manifestations pacifiques pour faire sombrer le pays dans le chaos», a-t-il encore lancé, affirmant que «notre intention n'est guère de faire peur au peuple quand bien même il pourrait être en désaccord avec le Gouvernement, mais la patrie passe avant tout». M. Ouyahia a convoqué également la décennie noire, rappelant la grève politique à laquelle avait appelé en 1991 l'ex-Front islamique du salut (FIS), les graves dérives qui s'en sont suivies et les lourdes conséquences sur la stabilité du pays. «L'opposition de certains à la candidature du président Bouteflika avait déjà commencé lorsqu'il avait brigué un troisième mandat et n'a donc rien à voir avec son état de santé actuel», a-t-il soutenu. Le Premier ministre a affirmé que l'élection présidentielle aura bien lieu le 18 avril prochain. Selon lui, le peuple choisira en toute souveraineté son président à l'occasion du scrutin. «Rien ne peut empêcher le peuple algérien de choisir souverainement le président de la République», a-t-il insisté, soulignant que le scrutin sera libre et transparent. Il en veut pour preuve les observateurs étrangers invités à observer l'élection. Il a annoncé que 400 observateurs étrangers (de l'Union africaine, de la Ligue des Etats arabes, de l'Organisation de la coopération islamique, de l'ONU et de l'UE) suivront le déroulement de cette élection. Rappelant les «réalisations» de Bouteflika, le Premier ministre a expliqué que «c'est la préservation de ces réalisations, la nécessité de continuer à progresser et de combler les lacunes qui subsistent qui a amené le président Abdelaziz Bouteflika à s'engager, s'il est réélu, à convoquer une conférence nationale de consensus». La conférence débattra de toutes les questions sans tabou, à l'exception des constantes nationales, et permettra d'opérer un changement pacifique et consensuel dans l'intérêt de l'Algérie et non du pouvoir, selon l'orateur, précisant que la conférence sera présidée par une personnalité indépendante. Il a ajouté que cette conférence sera sanctionnée par la mise en place d'un gouvernement national de coalition et un amendement radical de la Constitution ainsi qu'une meilleure vision pour servir l'Algérie. Cette conférence nationale a été annoncée par le chef de l'Etat dans sa lettre où il a annoncé sa candidature pour un cinquième mandat. S'il est réélu, la conférence aura lieu juste après la présidentielle, selon ses partisans. Karim Aimeur 2000 projets dégelés Dans ses réponses aux députés, M. Ouyahia a affirmé que 2 000 projets de développement dans les secteurs de l'Education, la Santé et les Ressources hydriques ont été débloqués grâce au recours au financement non conventionnel. Ces projets sont d'un montant de 2 500 milliards de dinars. «La machine économique a redémarré après une crise et une baisse de l'activité. La croissance économique s'est maintenue», a-t-il assuré, tout en soulignant les efforts de l'Etat pour diminuer le volume des importations, qui sont passées de 58,5 mds de dollars en 2014 à 46 milliards de dollars en 2018. Ouyahia apporte son soutien à Benghebrit Le Premier ministre a évoqué également la polémique sur la prière dans les écoles et les attaques subies par la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, de la part des partis islamistes. Ahmed Ouyahia a apporté son soutien à sa ministre, désavouant les islamistes. «Même en 1990, ils ont laissé nos enfants étudier», a-t-il rappelé.