Plusieurs élus et ONG algériens ont plaidé à l'ONU la cause sahraouie et appelé à la mise en œuvre du droit à l'autodétermination. Devant la Commission de décolonisation de l'ONU qui a auditionné les pétitionnaires de la société civile de plusieurs pays sur la question du Sahara occidental, le président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), Mohamed Mahrez Lamari, a relevé que le Maroc poursuivait toujours sa politique d'occupation, d'exploitation illégale des richesses, de répression dure et féroce et de violations systématiques des droits de l'homme dans les territoires du Sahara Occidental occupé. Face à cette situation inquiétante, il a recommandé la création d'un mécanisme onusien de surveillance et de protection des droits de l'homme des Sahraouis. "L'aveuglement des autorités marocaines à ignorer une réalité historique établie, confirme leur entêtement à vouloir détourner la volonté des Nations Unies, exprimée clairement et sagement dans ses différentes résolutions", a-t-il noté. "Les accords signés publiquement et officiellement avec le Front Polisario puis reniés par des volte-face indignes, démontrent à l'évidence la panique, l'incohérence et l'irresponsabilité caractérisée du gouvernement marocain qui continue à défier la communauté internationale", a-t-il encore remarqué. Présente à ce débat, la présidente adjointe du groupe parlementaire de fraternité et d'amitié Algérie-République arabe sahraouie démocratique, Mme Saida Bounab, a rappelé que le Sahara occidental est un territoire occupé depuis 38 ans par le Maroc et que sa population subit quotidiennement des violations des droits de l'homme graves, tel que constaté par des ONG internationales des droits de l'homme comme Human Rights Watch, Amnesty international et RFKennedy Center. Elle a aussi plaidé la cause des femmes sahraouies ''qui ont payé un prix très fort pour avoir revendiqué pacifiquement leur droit à l'autodétermination'', ajoutant qu'elles sont battues, violentées et incarcérées par la police marocaine. Comme conséquence de l'occupation du Sahara occidental par le Maroc, a-t-elle poursuivi, ''la famille sahraouie est déstructurée et vit dans la misère et la violence, ce qui ne diminue en rien sa détermination à manifester pacifiquement pour jouir de son droit à l'autodétermination par le biais d'un référendum''. Dans ce sillage, elle a exhorté la communauté internationale et l'ONU à protéger le peuple sahraoui des violations des droits de l'homme qu'il subit aux mains du Maroc et d'organiser rapidement un référendum d'autodétermination. Prenant part à ce débat de la commission de l'ONU, le président de l'APC d'Alger-Centre, M. Abdelhakim Bettache, a dénoncé ''les pressions quotidiennes et les transgressions graves perpétrées par les forces marocaines dans les territoires sahraouis occupés''. Il a cité ''l'obstination du royaume marocain à ignorer la légitimité internationale et à faire fi des résolutions du Conseil de sécurité''. Dans ce sens, il a rappelé que la résolution 1514 de décembre 1960 de l'Assemblée générale de l'ONU posait les fondements du droit au développement et qu'elle a inspiré d'autres résolutions dont la résolution 1803 de décembre 1962 relative à la souveraineté pérenne des Etats sur leurs ressources naturelles. Il a aussi attiré l'attention sur la résolution 3281 de décembre 1974 portant sur les droits et obligations économiques des Etats et a fustigé '' la spoliation que continue de pratiquer le colonialisme marocain dans les territoires sahraouis occupés''. Appelant, par ailleurs, la communauté internationale à faire pression sur les autorités marocaines afin qu'elles libèrent les prisonniers politiques sahraouis, M. Bettache a demandé au Conseil de sécurité d'élargir les prérogatives de la MINURSO afin d'intégrer la protection des droits de l'homme et d'accélérer l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Situation "alarmante" des droits de l'homme Pour sa part, le représentant de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme, M. Abdelouahab Mordjana, a rappelé que l'avis consultatif de la Cour internationale de Justice et les résolutions pertinentes des Nations Unies appelaient à un référendum au Sahara occidental en vue de réaliser le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. ''L'argument colonialiste marocain ne résiste pas à l'épreuve de la réalité'', a-t-il ajouté, relevant que la politique marocaine s'est assortie d'une ''action répressive'' comme l'attestent les différents rapports des ONG internationales des droits de l'homme. En effet, a-t-il regretté, la situation des droits de l'homme est ''alarmante'' dans les territoires occupés, avant d'appeler la communauté internationale à adopter les mesures appropriées pour faire cesser les violations des droits de l'homme, notamment par l'élargissement du mandat de la MINURSO à l'évaluation de la situation à cet égard. A son tour, le directeur du comité scientifique de la fondation nationale algérienne des études stratégiques et sécuritaires, M. Said Ayachi, a affirmé devant la Commission de décolonisation qu'il régnait une ''atmosphère de terreur'' dans les territoires occupés du Sahara occidental. ''Une terreur organisée par l'armée et les forces de police marocaines, une terreur délibérée contre la population sahraouie'', s'est-il révolté, précisant que les Sahraouis subissent quotidiennement des arrestations arbitraires et injustifiées et des disparitions forcées. A l'heure actuelle, a-t-il aussi affirmé, ''nous sommes sans nouvelles de 561 Sahraouis''. Il a aussi dénoncé comme ''inéquitable'' le procès mené par le tribunal militaire de Rabat, en février dernier, contre 24 Sahraouis, et a attiré l'attention sur les fosses communes découvertes en juillet dernier. Par ailleurs, il a dénoncé un "véritable embargo médiatique imposé aux territoires sahraouis occupés dans lesquels il n'est possible de se déplacer que sous haute surveillance des forces marocaines". M. Ayachi a appelé la communauté internationale à mettre un terme au ''calvaire du peuple sahraoui'' et à apporter une solution juste et définitive au conflit, notamment par l'organisation rapide d'un référendum d'autodétermination qui permettra au peuple sahraoui de choisir librement son destin. Intervenant également à ce débat, M. Lies Saadi, a rappelé que l'Algérie soutenait le droit à l'autodétermination de tous les peuples opprimés. Plaidant fortement pour la tenue d'un référendum d'autodétermination libre et transparent au Sahara occidental, il a insisté pour que les obstacles posés par les autorités marocaines à l'autodétermination du peuple sahraoui doivent être levés. De son côté, le vice-président de l'Association algérienne de la sauvegarde du patrimoine et de l'environnement et du développement des zones sahraouies, M. Mohammed Lahcene Zeguidi a rappelé le droit du peuple sahraoui à son indépendance et à l'autodétermination, tel que validé par la Cour internationale de Justice (CIJ), soutenant que le dossier sahraoui est une question de décolonisation classique qui s'inscrit dans le cadre de la résolution 1514. Les débats de la 4ème Commission de l'ONU sur les questions de décolonisation des 16 territoires non autonomes se tiennent du 7 au 14 octobre avec la participation d'Etats membres de l'ONU et de la société civile internationale. Ces débats seront suivis par l'adoption, entre autres, d'un projet de résolution sur la question du Sahara occidental, qui sera soumis à l'Assemblée générale de l'ONU en décembre prochain.