Plusieurs médias internationaux et arabes ont commenté, hier, les manifestations populaires et estudiantines ayant eu lieu en Algérie contre la candidature du président de la République pour briguer un 5e mandat. Le quotidien français Le Monde a consacré sa Tribune aux contestations populaires. La sociologue Ratiba Hadj-Moussa, a relevé qu'«en Algérie, les manifestations du 22 février et du 1er mars se révèlent d'ores et déjà remarquables et historiques. Elles sont massives, se déroulent sur tout le territoire national et n'ont été que marginalement réprimées – une première». Ce même journal revient dans son édito sur le caractère pacifique des contestations des Algériens. «L'Algérie retient son souffle : il est rare, dans ce genre de situation, que cette attitude responsable (c'est-à-dire la remarquable retenue et de la rue et des forces de l'ordre. Ndlr) se prolonge très longtemps. Il faut trouver une issue à l'impasse algérienne», écrit Le Monde. RFI a, pour sa part, interrogé le secrétaire d'Etat auprès du ministère des Affaires étrangères français, Jean-Baptiste LeMoyne sur les manifestations. «Nous sommes extrêmement attentifs à ce qui se passe depuis maintenant deux semaines, parce que l'Algérie est un pays ami, un partenaire important avec lequel on a des liens extrêmement forts», a affirmé le secrétaire d'Etat dans cet entretien. «La France constate que la jeunesse algérienne s'exprime dans le calme, qu'on la laisse s'exprimer», a-t-il relevé. «C'est au peuple algérien souverain qu'il revient de s'exprimer, de choisir ses dirigeants, de décider de son avenir», a affirmé Jean-Baptiste Le Moyne. Le journal américain, le New York Times a consacré son éditorial d'hier à ce mouvement populaire. «J'ai entendu le cri du cœur des manifestants et en particulier celui des milliers de jeunes qui m'ont interpellé sur le futur de notre pays, dit la lettre de Bouteflika. Faux, lui ont répondu les jeunes en ressortant dans les rues le soir même», indique le New York Times. Les manifestants ont vu la lettre de Bouteflika comme rien de plus qu'un stratagème du pouvoir pour gagner du temps en attendant de trouver le moyen de garder le contrôle», affirme le journal américain. La presse arabe s'est également intéressée aux péripéties politiques de l'élection présidentielle du 18 avril prochain. Al Ahram, le célèbre quotidien égyptien, a titré sur «L'opposition (qui) réclame la proclamation de la vacance du poste de président et le report des élections». L'article revient sur la réunion de l'opposition tenue au siège du parti FJD présidé par Djabellah. Al Hayat, qui paraît à Londres, a écrit dans son édition d'hier : «Des milliers d'Algériens sont sortis dans la rue pour dénoncer la candidature à un 5e mandat du président Bouteflika», en revenant en détail sur la cérémonie de dépôt de la candidature de Bouteflika. «Bouteflika échoue à apaiser la colère politique qui s'amplifie», annonce le journal Al Arab, qui écrit : «Les engagements promis par le président Bouteflika n'ont pas convaincu la rue, qui les a considérés comme une manœuvre parmi d'autres mises en place par le pouvoir pour éviter les impasses dans lesquelles il est tombé». La presse tunisienne a aussi commenté les évènements qui se déroulent depuis plus de 10 jours en Algérie. L'Economiste a titré «Algérie : Le bras de fer». Le quotidien tunisien a estimé : «Pour la première fois depuis 20 ans, plusieurs dizaines de milliers d'Algériens ont manifesté pour exprimer leur refus du fatalisme, à travers des manifestations pacifiques dans les grandes villes du pays. Est-ce le signe d'un acte de rupture annonciateur d'un nouveau contrat social en Algérie ? Car au-delà de la figure de Bouteflika, c'est le système qui est visé par les manifestants ; c'est la dignité qui est scandée par un peuple désireux de redevenir maître de son destin». Le quotidien marocain Libération a écrit pour sa part : «Des centaines de personnes ont manifesté en Algérie dans la nuit de dimanche à lundi pour protester contre la candidature, déposée plus tôt, d'Abdelaziz Bouteflika à l'élection présidentielle pour un 5e mandat qu'il s'est engagé à abréger».