Cette démarche du corps magistral n'a pas laissé de marbre la chancellerie. Issaad Mabrouk, président de chambre près la cour de Béjaia et Desdous Hichem, procureur adjoint près la cour de Sétif, ont été appelés hier à comparaîre devant l'inspection générale. La contestation populaire a atteint le corps de la magistrature, après celui des avocats. 1000 magistrats ont décidé de se constituer en syndicat nommé «Club des juges». En effet, selon les affirmations Me Salah Dabouz, avocat et défenseur des droits de l'homme, ces 1000 magistrats ont annoncé leur soutien au mouvement populaire contre le cinquième du président sortant, Abdelaziz Bouteflika. Sur sa page Facebook, Me Dabouz a fait savoir, vendredi soir, qu'il a reçu «ces informations de la part du Syndicat des magistrats qui s'est constitué». Selon lui, ces juges ont menacé de ne pas encadrer l'élection présidentielle du 18 avril prochain, si celle-ci ne se déroule pas dans le respect de la loi. «Les juges appartenant à ce syndicat ont déclaré qu'ils soutiennent le mouvement populaire national», et qu'ils «n'encadreront pas l'élection si elle ne se tient pas dans le respect de la loi, sachant que la moitié des commissions électorales sont composées de juges», a-t-il écrit sur sa page Facebook. Cette démarche du corps magistral n'a pas laissé de marbre la chancellerie. Issaad Mabrouk, président de chambre près la cour de Béjaia et Desdous Hichem, procureur adjoint près la cour de Sétif, ont été appelés hier à comparaîre devant l'inspection générale. Me Dabouz a précisé, à cet effet, que «suite à ce communiqué, deux juges ont été convoqués par le procureur général et par téléphone ce vendredi 8 mars, jour non ouvrable, afin qu'ils comparaissent devant l'inspection générale». Le militant des droits de l'homme, Me Salah Dabouz a révélé que «suite à ce dépassement grave qui va à l'encontre de la Constitution, cinq juges élus vont démissionner du Haut conseil de la magistrature dans les heures à venir». Il a également fait savoir que, lundi 10 mars (aujourd'hui ndrlr), il y aura un arrêt de travail dans toutes les cours de l'Algérie à partir de 10h». Un communiqué sera lu par la suite, qui contiendra trois points. Lors de leur débrayage, le premier dans les annales judiciaires algériennes, les juges comptent exprimer leur refus de juger les gens poursuivis à cause de leur participation dans les contestations, le rejet de la candidature de Bouteflika, puisque sa candidature va à l'encontre du respect de la constitution sur plusieurs points, notamment l'article 102, et aussi le refus de participer aux commissions électorales si l'élection organisée ne respecte pas les lois de la Constitution.