Le grand chanteur Wadih Béchara Francis, né en 1921 à Niha, au Liban, et connu sous le nom de Wadie Essafi, est décédé ce vendredi 11 octobre 2013 à 92 ans à Mansourieh, près de Beyrouth. Wadie Essafi est pratiquement le dernier maître du tarab de la première génération. Dès la fin des années 1930, il réussit à prendre la première place dans un concours radiophonique à Beyrouth. Il deviendra rapidement l'une des plus belles voix du Liban avant d'être le maître absolu et de se hisser parmi les plus grands chanteurs arabes aux côtés des syriens Sabah Fakhri et Fahd Balane, alors que tout le monde croyait que ce genre musical était l'exclusivité des Egyptiens. D'ailleurs, Warda El Djazaïria a également trouvé l'une des meilleures places aux côtés de Nadjet Essaghira et de la plus grande chanteuse arabe de tous les temps, Oum Kalthoum. Il faut dire qu'il était très difficile de se faire une place parmi des monuments tels que Mohamed Abdelwahab et Farid El Atrache. Mais malgré toutes les difficultés, personne ne pouvait nier les qualités artistiques de ce Libanais et sa voix forte qui l'a fait surnommer La voix du Liban. Les chanteurs Mohamed Abdelwahab et Farid El Atrache eux-mêmes reconnaissaient les qualités exceptionnelles de sa voix et n'avaient pas hésité à lui composer des chansons avant qu'il ne devienne lui-même un grand compositeur- parolier. Il commencera sa carrière par le zadjel, avant de moderniser ses compositions, tout comme il débutera par des paroles puisées dans le langage dialectal libanais avant d'opter pour les belles paroles de la poésie classique. Farid El Atrache lui composera ses premières chansons. Par la suite, il se mettra lui-même à la composition musicale et l'écriture. Il interprétera ainsi plus de 3000 chansons. Entre 1947 et 1950, il ira vivre au Brésil, un pays qu'il continuera à aimer puisqu'il gardera les nationalités brésilienne, française et libanaise jusqu'à sa mort. Cet artiste toujours à la page et qui aimait le renouveau laissera son empreinte dans la modernisation de la chanson libanaise aux côtés notamment de la chanteuse Fayrouz et des frères Rahabani, ce qui ouvrira la voie à une nouvelle génération de chanteurs dont la grande Majda Erroumi et Nedjwa Karam. Il faut noter que Wadie El Safi était également un virtuose du ôud. Il était également connu pour sa grande classe, sa présence sur scène et son sens de la communication avec le public. Wadie El Safi a été invité à plusieurs reprises en Algérie où il donna des concerts notamment à Alger et Constantine. Il restera parmi les monuments de la chanson arabe.