Depuis le 22 janvier dernier, certains habitants de la wilaya de Bordj Bou Arréridj sont devenus fidèles à leur nouvelle habitude, celle de sortir dans la rue pour réclamer des changements profonds du système politique national. Ces habitants, qui ont emprunté le même itinéraire, à savoir du boulevard Houari Boumediene à l'avenue de la République en passant par les sièges de la wilaya et de la sûreté nationale avaient réclamé le renoncement du président de la République à un cinquième mandat. Cette fois, ils ont exprimé leurs refus du report de l'élection présidentielle qu'ils ont assimilé à un prolongement du mandat actuel du chef de l'Etat. Les contestataires qui étaient par milliers étaient en majorité des jeunes qui ont rappelé leurs inquiétudes pour leur avenir. Il y avait aussi des moins jeunes et même des femmes. Elles sont sorties hier en nombre important pour souligner que toute la population n'a qu'un mot d'ordre, le départ de la composante actuelle qui dirige le pays. Bien sûr, les méthodes pour exprimer cette revendication d'un carré à un autre de la manifestation n'étaient pas les mêmes. Certains ont choisi de l'inscrire sur des pancartes. D'autres scandaient des slogans hostiles au système actuel. Les manifestants qui tenaient à l'unité et l'intégrité du pays ont déclaré leur opposition à toute intervention étrangère. L'emblème national était présent pas seulement dans les mains même dans les habits aussi. N'était la gravité de la situation, on se croirait dans une fête tant l'ambiance était colorée, que renforçaient les chants qui étaient entonnés par les marcheurs. Des couples sillonnaient les rues la main dans la main, rêvant sans doute d'une nouvelle Algérie. Des parents qui étaient accompagnés par leurs enfants étaient également au rendez-vous. Notons que les contestataires qui s'arrêtaient devant le siège de la sûreté de wilaya chantaient en chœur «Peuple et Armée sont des frères». Cette main tendue aux policiers et aux militaires qui tenaient même parfois des roses symbolisait cette relation qui a séduit le monde entier. Comme cela a été le cas pour les marches précédentes, aucun acte de violence n'a été signalé. La manifestation s'est déroulée dans le calme. Pour consacrer cet aspect civique de leur mouvement, les marcheurs ont tenu même à garder propres les endroits par lesquels ils passaient.