Encore une fois et pour le troisième week-end, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de plusieurs villes de la wilaya de Bouira pour dire «Non au 5e mandat» et «Système dégage ! ». Contrairement aux fois précédentes, hier, tant au niveau de la daïra de M'chédallah durant la matinée, où des dizaines de milliers de personnes, dont des milliers de femmes, avaient déjà battu le pavé en organisant une marche pacifique sur plus d'un kilomètre, en allant vers le siège de la daïra, que dans l'après-midi, après la prière de vendredi ; au niveau de la ville de Bouira, chef-lieu de wilaya, ainsi qu'à Lakhdaria où l'on nous a signalé également une marche qui a drainé près de 50 000 marcheurs. Cela étant, au niveau du chef-lieu de wilaya, et juste après la prière du vendredi, au fil des minutes, le déferlement humain a dépassé tout entendement, et malin qui pourrait dire combien ils sont ces marcheurs qui ont battu le pavé et qui arrivaient de tous les coins et de toutes les rues de la ville de Bouira. Et ce qui est à signaler durant les marches populaires d'hier, c'est que, fête du 8 Mars aidant - les femmes étaient au rendez-vous et par milliers. Des femmes, des vieilles et des enfants étaient tous là à scander aux côtés des autres marcheurs ; des époux, des frères ou simplement des enfants de l'Algérie, les «Pas de 5e mandat ya Bouteflika ! » et autres «Système dégage», «Djazaïr horra dimocratia», «Djoumhouria, machi mamlaka» (République, pas une monarchie) et autres «Pouvoir assassin» et «Ulac smah ulac» et l'inévitable «Y'en a marre de ce pouvoir» alors que sur les banderoles, on pouvait lire beaucoup de slogans et de revendications politiques dont «Assemblée constituante est la solution : Oui au changement radical» ; «Travailleurs, étudiants, paysans ; Révolution des démunis», et surtout cette grande banderole qui en dit long sur les manipulations du pouvoir par le passé et la prise de conscience des gens sur cela : «Finies les divisions : nous sommes tous des frères.» Des dizaines de milliers de personnes venues des quatre coins de la wilaya mais surtout de la ville et les communes environnantes comme Ath Laâziz, Taghzout, Aïn Turk, Haïzer, El Esnam, Aïn Hdjar, Aïn Laloui, Bechloul, El Hachimia, etc. continuaient à sillonner les différents rues et boulevards du chef-lieu, sous l'œil vigilant de la police dont les éléments sont stationnés devant les institutions publiques comme le siège de la Wilaya, les banques et le siège de la Sûreté de wilaya, alors que les marcheurs scandaient et chantaient des slogans antipouvoir et antisystème. Tous les marcheurs, sans exception, sont convaincus que la solution aujourd'hui pour l'Algérie ne réside pas uniquement dans le retrait du Président de la course à la présidentielle, mais le départ du système incarné pendant ces 20 dernières années par Bouteflika et une poignée de responsables avec principalement les deux partis-Etat que sont le FLN et le RND avec lesquels il a bâti son règne et qui ont pris en otage le pays et son peuple. D'ailleurs, la banderole sur laquelle il était écrit «20 ans barakat : fin du règne des prédators» en dit long sur ce sentiment partagé par tout un peuple concernant le règne de Bouteflika. Cela étant, rappelons qu'en marge de cette grandiose et historique marche populaire qui a drainé, selon certains observateurs, plus de 150 000 marcheurs, des avocates ont organisé, elles aussi, une marche pour dire non au 5e mandat ; manifester publiquement leur soutien à ce mouvement populaire et rappeler à tous, à l'occasion de la fête du 8 Mars, que les avocates sont aux côtés du peuple. Y. Y.