Hier, c'était une autre journée de mobilisation contre le prolongement du quatrième mandat du chef de l'Etat. Le 19 mars, anniversaire de la fête de la Victoire, a été mis à profit par plusieurs corporations pour maintenir la mobilisation contre le système politique. En plus des médecins, des étudiants et des magistrats, les travailleurs de la Fonction publique sont sortis dans les rues des différentes wilayas pour s'opposer à la feuille de route présidentielle proposant le prolongement du quatrième mandat, la tenue d'une conférence nationale inclusive, la révision de la Constitution, l'installation d'une instance d'organisation des élections et l'organisation d'une élection présidentielle. Sous les cris de «Djoumhouria machi mamlaka» (République et non une monarchie) et avec des slogans contre le système politique, les employés de plusieurs communes ont investi la rue. Un peu partout dans le pays, les fonctionnaires ont manifesté, soit avec des rassemblements, soit en organisant des marches. A Tizi Ouzou, les travailleurs de l'APC ont marché contre la prolongation du 4e mandat, en scandant, entres autres slogans, «Armée et peuple, tous des frères», et «Vous avez dévoré le pays, espèce de voleurs». A Jijel, les employés du secteur de la Poste ont tenu un sit-in pour dénoncer et exprimer le rejet des propositions du pouvoir pour sortir de la crise. Les fonctionnaires de la commune et de la daïra de Béjaïa ont organisé une marche pour exiger le départ du système, alors que les travailleurs des impôts ont observé des grèves un peu partout. A Annaba, les magistrats sont revenus à la charge et organisé un rassemblement pour demander notamment le respect de la Constitution, estimant que l'annulation de l'élection présidentielle et la prolongation du quatrième mandat sont illégaux et contraires à la Constitution. A Bouira, des milliers de citoyens ont investi l'esplanade du siège de la wilaya pour se recueillir devant le Carré des martyrs, à l'occasion du 19 mars. Ces manifestations des diverses corporations interviennent au lendemain du message du chef de l'Etat, à l'occasion de la fête de la Victoire. Ignorant les demandes populaires et les imposantes manifestations du vendredi 15 mars, durant lesquelles ses offres ont été rejetées, le chef de l'Etat a réitéré sa feuille de route et tient au prolongement de son mandat qui doit expirer le 28 avril prochain. Pendant ce temps, plusieurs propositions de sortie de crise pacifique sont lancées par des partis politiques et organisations de la société civile. Alors qu'une transition démocratique s'impose, chacun y va de sa proposition et des mécanismes à mettre en œuvre pour la concrétiser et la réussir. Les offres de Bouteflika ne sont pas rejetées uniquement par la rue. Les partis politiques de l'opposition aussi ont exprimé leur rejet. «Malgré ce rejet franc et massif, les forces extra-constitutionnelles persistent et signent», a dénoncé Ali Benflis, en stigmatisant la volonté de ces forces «de mettre en œuvre une prétendue feuille de route à laquelle personne ne veut et ne croit». «Aux yeux du peuple algérien, la lettre du 3 mars a été ressentie comme une provocation. Celle du 11 mars a représenté un défi ; la lettre du 18 mars, quant à elle, va au-delà des limites de la provocation et du défi», a ajouté l'ancien chef du gouvernement dans un communiqué. Les partis algériens rejettent également l'ingérence des puissances étrangères dans la crise du pays.