Les négociations entre les deux parties en conflit étaient suspendues depuis alors six ans, suite à l'intransigeance de la partie marocaine, qui avait tout le temps campé sur sa position de colonisateur. La deuxième table-ronde sur le Sahara occidental occupé se tiendra jeudi et vendredi, près de Genève, sous l'égide de l'Onu, pour faire avancer le processus de règlement du conflit opposant le Front Polisario et le Maroc. En tout cas, c'est l'objectif de l'Envoyé personnel du secrétaire général de l'Onu, Horst Kohler, qui a invité, outre les parties en conflit, la Mauritanie et l'Algérie en tant que pays voisins, à se rencontrer autour d'une table-ronde au château Le Rosey, à une trentaine de kilomètres de Genève. L'Algérie est représentée par le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. A l'issue de la première table-ronde qui s'est tenue en décembre dernier, au siège des Nations unies de Genève, l'ancien président allemand avait exprimé son optimisme en déclarant dans une conférence de presse, qu'une solution «pacifique» au conflit du Sahara occidental est «possible», soulignant que «personne ne gagne à maintenir le statu quo, et je suis fermement convaincu qu'il est dans l'intérêt de tous de résoudre ce conflit». La première table-ronde s'est tenue, rappelle-t-on, conformément à la résolution 2440 du Conseil de sécurité qui avait enjoint, le 31 octobre 2018, le Maroc et le Front Polisario de reprendre les négociations «sans préconditions et de bonne foi», en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. Les négociations entre les deux parties en conflit étaient suspendues depuis alors six ans, suite à l'intransigeance de la partie marocaine, qui avait tout le temps campé sur sa position de colonisateur. Le Sahara occidental est un territoire non-autonome déclaré par l'Onu en 1964, donc éligible au droit à l'autodétermination. Il est occupé de façon illégale par le Maroc depuis plus de 40 ans. Selon une source sahraouie proche du dossier, la rencontre de jeudi et vendredi devra permettre aux participants, à «faire avancer les choses» dans le sens du règlement du conflit, après une première rencontre qui a permis de «déblayer le terrain, après un statu quo de six ans, et de préparer les prochains rounds». Cette deuxième table-ronde intervient, faut-il le signaler, après la réunion de Horst Kohler avec les membres permanents du Conseil de sécurité, qui lui ont exprimé son appui à la relance des négociations sur le Sahara occidental, et ses consultations avec les pays participants. Elle intervient également à presque un mois de la fin du mandat de la Minurso, qui expirera le 30 avril. «Rien ne se fera sans le peuple sahraoui» Des observateurs avertis pensent que, vu «son pragmatisme», le médiateur onusien est «capable» de lever progressivement les obstacles, et faire avancer le processus dans le sens des résolutions «pertinentes» du Conseil de sécurité, qui préconisent une solution prévoyant l'autodétermination du peuple sahraoui. D'autant, estiment-ils, que le format de table-ronde met le Maroc en situation de «minorité», avec la présence de l'Algérie et de la Mauritanie, tous deux défendant le principe de l'autodétermination des Sahraouis. Mais ils restent «sceptiques» quant à l'évolution positive de la position marocaine tant que, disent-ils, ce pays jouit du soutien de la France. Cependant, c'est dans ce nouveau contexte, a-t-on ajouté, que Horst Kohler souhaite, à travers Genève II, consolider «la dynamique positive» qu'il a réussi à créer lors de la première table-ronde, nonobstant les embûches. Il faudra juste rappeler que les Etats-Unis, porte-plume des résolutions sur le Sahara occidental, ont déclaré fin octobre, qu'ils n'acceptaient plus le statut quo au Sahara occidental, recommandant aux deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, légitime représentant du peuple sahraoui, de rester attachés aux négociations jusqu'à l'aboutissement du processus politique. Contacté par l'APS, l'un des membres de la délégation sahraoui, M'Hamed Khadad, a indiqué que les représentants du Front Polisario vont à la deuxième table-ronde avec «bonne volonté» et «respect scrupuleux» du droit du peuple du Sahara occidental à son autodétermination, «une ligne rouge à ne pas franchir», a-t-il averti, rappelant que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est membre de l'Union africaine, institution dans laquelle siège le Maroc. Le coordinateur sahraoui avec la Minurso a souligné que «rien se fera sans le peuple sahraoui», indiquant que «les solutions boiteuses, comme l'autonomie, sont totalement dépassées».