Qui aurait dit qu'il y a des pyramides en Algérie ? Mohamed Balhi, journaliste, auteur et grand passionné d'histoire s'est penché sur la découverte de vestiges importants dans son ouvrage intitulé Pyramides d'Algérie, illustré de photos signées Nacer Ouadahi. Imedghassen, tombeau royal maurétanien ou encore les Djedars sont des vestiges rares et authentiques qui démontrent de la grande richesse historique de l'Algérie. La curiosité de Mohamed Balhi l'a mené à consacrer un livre à ces trésors archéologiques. Paru aux éditions Anep, Pyramides d'Algérie est un beau livre passionnant à lire, à relire et à offrir. En 180 pages, cet ouvrage retrace l'historique des monuments funéraires numides d'époque tardive, entre le IIIe siècle avant Jésus-Christ et le VIe siècle, tels qu'Imedghassen, le Tombeau Royal Maurétanien et les Djedars. En explorateur confirmé, Mohamed Balhi, qui s'est rendu sur les lieux à la découverte de ces pyramides, a soulevé dans son livre moult interrogations et énigmes historiques entourant ces pyramides. Dimension historique À travers une vue d'ensemble, par la photo et le texte, les monuments funéraires numides, situés dans un vaste territoire de l'Algérie, sont alors restitués à travers une dimension un peu inconnue du patrimoine architectural et culturel algérien. En revenant sur l'histoire de ces pyramides qui remontent pour les plus anciennes au IIIe siècle avant JC, l'auteur démontre la dimension historique et l'influence civilisationnelle qui ont engendré la construction de ces pyramides. «À côté des gravures rupestres du Tassili N'Ajjer au sud de l'Algérie, des chercheurs ont trouvé des tombeaux à enclos. Sorte de petits cercles montés de pierres. On est alors ici dans les pratiques funéraires les plus anciennes car ces petits tombeaux à enclos sont un peu les ancêtres des mausolées. Et lorsqu'on revient à l'histoire, on découvre d'autres pratiques funéraires similaires, et de surcroît propres aux pyramides d'Egypte… Les Numides avaient leur propre génie et n'étaient pas ces «barbares» tels qu'ils étaient perçus par les auteurs de l'antiquité», affirme Mohamed Balhi dans son livre. Les Djedars Par ailleurs, l'auteur indique que certains chercheurs, archéologues et historiens qui se sont penchés sur l'histoire des pyramides d'Algérie ont, pour certains, dont Gabriel Camps, refusé de nommer ces monuments funéraires «pyramides» à cause entre autres des appellations locales de ces monuments et de leur architecture. «Les pyramides des Djedars au nombre de 13 (à Frenda à Tiaret) sont appelés bazinas… Le tombeau royal maurétanien (à Tipasa) est aussi appelé à tort, selon l'appellation autochtone, Tombeau de la chrétienne. Ici, ce titre est faux, car à l'époque, on disait «Qber Erroumia» pour dire le tombeau de la Romaine et non de la chrétienne. La plus grande difficulté éprouvée par les archéologues et les historiens depuis les premières fouilles effectuées en Algérie est de cerner les noms des monarques et dynasties pour lesquels ces monuments funéraires ont été érigés. Malgré toutes les expertises, théories et approximations, des zones d'ombre subsistent…Massinissa a-t-il bien été enterré au Khroub (Constantine) dans le mausolée qui porte son nom ? Par qui et pour qui a été construit le mausolée royal de Maurétanie ? Que représentent les Djedars ? Qu'en est-il aussi du mausolée dit de la reine berbère Tin Hinan à Tamanrasset ? Alors qu'aujourd'hui, des scientifiques se posent réellement des questions sur le squelette trouvé à l'intérieur de ce mausolée ! Celui du roi berbère Syphax à Sig dans l'ouest algérien est aussi à confirmer… Enigmes La seule certitude est que ces monuments funéraires numides, d'époque tardive, de par leur architecture, ont une touche locale et ils en imposent. Ils sont le bien de tous et font partie du patrimoine de l'humanité classé par l'Unesco. En somme, en chercheur assidu et très pointu, Mohamed Balhi restitue, dans un style accessible au grand public, sous forme de synthèse et aussi d'interrogations, les prospections et fouilles archéologiques des chercheurs et savants qui ont fourni, depuis les débuts de la colonisation jusqu'à nos jours, la masse importante d'informations accumulées par les uns et les autres. Il rend hommage, entre entres, à Fatima Kadria Kadra, première archéologue algérienne qui a écrit une thèse sur les Djedars, à Ginette Aumassip et Serge Lancel, qui ont formé des générations de préhistoriens et archéologues algériens après l'indépendance. Outre les photos de Nacer Ouadahi, Pyramides d'Algérie est enrichi d'iconographies puisées dans les archives. Il apporte un éclairage sur la formation de la Numidie, avec ses rois (Massinissa, Juba II, Syphax) et ses dynasties. Un ouvrage captivant et riche en faits et descriptions, avec beaucoup de questions et d'énigmes sur l'origine de ces monuments funéraires impressionnants.