L'état du tombeau de l'aguelid (roi) Syphax ne prête guère à la quiétude : sans signalisation aucune, sans périmètre de protection, sans indication, le tombeau est livré aux affres du temps et certainement aux fouilles illicites et au pillage. Le tombeau du roi Syphax à Siga (actuelle Oulhaça El-Gharba, dans la wilaya de Aïn Témouchent) est certainement le plus ancien, mais le plus inconnu mais surtout est hélas le plus délaissé de tous les tombeaux, comparativement à celui du roi Massinissa (Soumaâ Khroub à Constantine ou Imedghassen datant du IIIe siècle av. J.-C. (Tahmemt à Batna). L'état du tombeau de l'aguelid (roi) Syphax de la Numidie occidentale (215 à 203 av J.C), dont la capitale était Siga, ne prête guère à la quiétude. Bien au contraire. Sans signalisation aucune, sans périmètre de protection, sans indication, livré aux affres du temps et certainement aux fouilles illicites et au pillage. à cet état des lieux alarmant s'ajoute un élément qui presque prédispose le mausolée à une dégradation accélérée : la pierre, qui constitue la matière première de réalisation de la sépulture, est friable, si rien n'est entrepris dans l'immédiat, comme l'a signalé un jeune Témouchentois qui a bien voulu nous servir de guide et nous accompagner sur les lieux. Le guide volontaire parle d'une "disparition pure et simple" de cette autre empreinte millénaire de notre histoire. Le mausolée est composé d'une structure externe très endommagée, constituée selon un plan triangulaire comportant six faces, les unes en ligne droite, les autres concaves ; et d'une partie intérieure qui comme pour les autres tombeaux amazighs a dû servir de sépulture. Le monument est entouré d'une plate-forme qui repose sur un socle constitué de trois gradins. Si le reste est en ruine, les gravats permettent, selon les spécialistes et les archéologues, de reconstituer le tombeau avant qu'il ne bascule pas dans l'irréversibilité, car la dégradation est rapide. On sait aussi qu'il avait trois étages : le premier, la partie qui demeure, était surmontée d'une corniche ; le deuxième portait de fausses portes, entouré de colonnes à chapiteaux ioniques et de moulures à gorges égyptiennes ; le troisième avait la forme d'une pyramide. De nos jours, le monument ne mesure plus que 5 m, et cela donne une idée précise et amère des préjudices et dégâts causés car, toujours selon les spécialistes et certains documents, le tombeau était haut de 30 m. Contrairement aux autres tombeaux numides, à l'exemple du mausolée Imedghassen qui ne comprend qu'une seule chambre funéraire, le tombeau du roi Syphax (connu dans la région sous le nom de "Karkar lârayesse", un nom probablement emprunté à une légende) comprend un réseau de chambres disposées selon la forme du monument. Le réseau comprend trois parties distinctes de cinq, quatre et une pièce ouvrant sur une porte à herse. Ces chambres sont étroites ; elles sont partiellement taillées dans la pierre. Des objets ont été retrouvés sur place ; elles font certainement partie d'un mobilier funéraire : fragment d'amphores, débris de verre et de plomb, tessons de poterie, mais pas de restes humains. Certains objets trouvés ont pu être datés, et on affirme qu'ils remontent au IIe siècle av. J.-C. et c'est antérieur au roi Syphax. Un de nos interlocuteurs à Aïn Témouchent, Mohamed Kali, journaliste et auteur (et fils de la région), a souligné que "ce n'est pas uniquement le tombeau du roi numide qui est laissé à l'abandon, mais aussi et surtout une histoire tronquée et tirée par les cheveux attribuée à Syphax, qui mérite une meilleure place et d'être aux premières loges". Syphax n'est-il pas le premier chef berbère a avoir frappé la monnaie qui porte justement son effigie, construit toute une ville (Siga) et régné sur toute la Numidie occidentale ? Ces éléments regroupés : un chef, une monnaie, une économie s'appellent civilisation. R. H Nom Adresse email