La démission du président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaiz, hier, a suscité beaucoup de réactions. Plusieurs personnalités politiques et spécialistes en droit constitutionnel ont, d'une part, exprimé leur soulagement quant à la démission de Belaiz, et d'autre part, appelé les autres représentants du système politique du président sortant, Bouteflika, à rejoindre ce dernier, en démissionnant eux aussi. Abdelaziz Rahabi, ancien diplomate et ex-ministre de la culture et de la communication, a affirmé hier que la démission de Taib Belaiz «était attendue», du moment qu'il a été l'un des «obstacles phares» de la situation de crise actuelle que vit le pays. Rahabi ajoute aussi que la désignation de Belaiz «était également non acceptée ni par la classe politique, ni encore moins par le peuple». Selon lui, sa démission n'est pas suffisante pour gérer la crise actuelle, mais elle représente l'une des étapes qui mènent au dénouement. Concernant les répercutions qui peuvent suivre la démission de Belaiz, M. Rahabi affirme : «nous souhaitons rentrer dans la période de transition, tangible et réelle, soit d'aller vers un nouveau système politique et qui sera démocratique.» Car, ajoute l'ancien ministre, il est inadmissible que le même système politique qui dépend du président partant, Bouteflika, sera accepté par le peuple pour assurer la période transitoire. Il ajoute en se sens, que «les expériences des périodes de transitions démocratiques vécues dans d'autres pays, qui ont subi la même situation que celle actuelle de l'Algérie, sont tous passés par de telles circonstances». Décryptages des spécialistes Pour sa part, M. Rachid Lourari, professeur en droit constitutionnel, estime que la démission de Belaiz sera suivie par celle de Bensalah. «Il ne faut pas que Bensalah choisisse seul le prochain président du conseil constitutionnel. Le choix doit être porté sur une personnalité qui ne soit pas du système, et qui soit acceptée par le mouvement populaire», a-t-il affirmé, ajoutant qu' «il faut que ce choix soit fait après des négociations avec la classe politique et la société civile». Pour ce même professeur du droit constitutionnel, la démission de Belaiz est venue répondre à la demande du mouvement populaire. Et la démission de Belaiz sera éventuellement suivie de celle de Abdelkader Bensalah. La politologue, Louisa Dris-Aït Hamadouche, dans sa réaction à la démission du président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaiz, a affirmé que cette dernière n'est qu'une preuve qui confirme que «la démarche constitutionnelle amorcée par les tenants du pouvoir est impossible à mettre en œuvre», ajoutant que la démission du président du conseil constitutionnel est «la première démonstration parlante que l'élection dans les 90 jours est politiquement impossible». Concernant l'éventuelle réaction de la population qui a manifesté durant 8 vendredis, et appelé au départ du système en place, Mme Aït Hamadouche doute que «la population se contentera de la seule démission du président du Conseil constitutionnel. Ce que la population demande, c'est que soit amorcé un véritable processus de transition, avec un gouvernement neutre et crédible. Cela signifie que le Premier ministre pourra difficilement tenir».