La mobilisation contre le régime et pour plus de démocratie ne faiblit pas. Pour le huitième vendredi de suite, à Tizi Ouzou, le premier depuis la désignation d'Abdelkader Bensalah comme chef de l'Etat par intérim, la population était, à l'instar des autres régions du pays, au rendez-vous pour exprimer son refus de la désignation d'Abdelkader Bensalah, comme chef d'Etat par intérim, et demander une vraie transition démocratique sans les figures du système. Même les élections présidentielles convoquées pour le 4 juillet prochain sont décriées par les manifestants. « Peut-on faire confiance à un système ‘' pourri'' pour l'organisation d'un scrutin propre ? », s'interrogent-ils. Des milliers de personnes s'étaient retrouvées, dès les premières de la matinée, devant l'entrée principale du campus Hasnaoua I de l'université Mouloud Mammeri, point de départ de la grandiose marche pour réaffirmer leur rejet du pouvoir en place. « Pour un changement radical du système politique», disent-ils. « Arrêtez vos scenarios, le peuple n'est pas idiot», «hier vous avez piétiné la Constitution et, aujourd'hui vous voulez gouverner au nom de la Constitution ?», «1962 c'était la libération du pays, 2019, le peuple se libèrera par lui-même», scandaient les manifestants, réclamant le départ des «trois B», Nourredine Bedoui, le Premier ministre, Abdelkader Bensalah, le président du Sénat et, Tayeb Belaiz, le président du Conseil Constitutionnel. Tout au long de l'itinéraire de la grandiose marche, des slogans adaptés à la situation politique actuelle et hostiles au gouvernement de Nourredine Bedoui et à la succession d'Abdelkader Bensalah à Abdelaziz Bouteflika au poste de chef de l'Etat, sont scandés à tue-tête par les manifestants. D'autres slogans tels, « Djouma'a al karama, tarhlou yaani tarhlou», «Le peuple veut que vous dégagiez tous», «Un seul héros, le peuple», «L'Algérie est une République et non une monarchie» ou encore «Pour une transition sans le pouvoir », « Appliquons l'article 2019 : dégagez tous ! », sont également repris en chœur par la foule. Depuis mardi dernier, soit, à la désignation d'Abdelkader Bensalah, Chef de l'Etat intérimaire, plusieurs formations politiques mais aussi personnalités nationales et structures syndicales ont lancé des appels pour la poursuite de la mobilisation. Le Front des forces socialistes (FFS) a annoncé sur sa page Facebook qu'il reste mobilisé aux côtés des algériens qui exigent le changement radical du système et a demandé au chef de l'Etat-Major de l'armée de ne plus s'immiscer dans les affaires politiques du pays. Le parti des travailleurs (PT) qui a appelé la population à rejoindre massivement la marche d'hier vendredi, a estimé que la convocation du corps électoral par le nouveau chef de l'Etat dont l'intronisation par les députés des partis du système est rejetée par la quasi-totalité du peuple algérien, en est une expression provocatrice dans la mesure où il s'agit d'imposer le maintien du régime présidentialiste et des symboles du système. Abdelaziz Rahabi, qui a pris part à la plupart des marches depuis le 22 février, a, pour sa part, appelé Abdelkader Bensalah à démissionner, le plus tôt possible, pour que pays entame sa transition démocratique qui ne peut, considère-t-il, commencer par des présidentielles mais par un accord politique global. « La prochaine élection va compliquer davantage la situation dans le pays ». Rabah Mokhtari