Les étudiants ont battu le pavé, hier à Bouira. Ils étaient des centaines à marcher et à réitérer leur engagement dans la lutte pour le changement politique en Algérie. Depuis le début de la révolte populaire contre le régime en place, les étudiants de l'université de Bouira se sont exprimés à maintes reprises, en réclamant le départ des figures du système politique actuel. Les noms d'Abdelkader Bensaleh, chef de l'Etat, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la défense et chef de l'état-major, ont été sur toutes les bouches. La foule réclame leur départ et refuse tous les plans de sortie de crise proposés par M. Bensaleh. Le fameux slogan : «Yetnehaw gaâ !», (Ils partent tous !), a été scandé par les manifestants. Ainsi, les étudiants ont affirmé qu'ils vont marcher chaque mardi. «Nous sommes aujourd'hui dans la rue pour réitérer notre engagement. Les étudiants veulent une véritable transition politique. Nous voulons en finir avec ce système qui a mis le pays à genou. Ça fait deux mois que le peuple dans toute sa diversité est dans la rue, et qu'il demande le départ de tous ceux qui ont contribué à son malheur, mais les décideurs du moment ne veulent rien entendre !», a déclaré un étudiant. Les manifestants ont fait le tour de la ville de Bouira pour rejoindre, à midi, l'esplanade de la maison de la culture. La marche d'hier se veut pour plusieurs étudiants une occasion pour reprendre le terrain, et de maintenir la dynamique de la contestation. D'aucun estiment que l'on est encore à la phase initiale du mouvement. Des étudiants pensent que jusqu'à présent, rien n'a encore changé. Mais la volonté est de mise. «Quand vous voyez les étudiants qui marchent et qui organisent des conférences à l'université, pour essayer de sensibiliser les autres étudiants. Aussi, nous essayons de récupérer le terrain parce' que ces derniers jours, il ne se passait presque rien. Nous devons redynamiser la rue. Nous essayons de faire bouger les choses», a souligné une étudiante qui milite pour le changement de la justice sociale. D'autres étudiants appellent à l'auto-organisation. «Le peuple algérien est sorti spontanément le 22 février, pour dénoncer les conditions sociales, économiques et politiques déplorables. Aujourd'hui, on essaye de s'organiser à l'université, dans l'administration, les entreprises, etc. On appelle tout le monde à s'auto-organiser pour mener à bien le mouvement de la contestation populaire, et pour éviter que des représentants fabriqués de toutes pièces par les médias ne soient imposés. Nous devons choisir nos propres représentants», dit un étudiant.