63 ans se sont écoulés depuis l'écriture de l'hymne national «Qassaman» par le poète de la Révolution Moufdi Zakaria. A cette occasion, le Forum de la mémoire du quotidien El Moudjahid à rendu hier en son siège un hommage à son auteur. «Rendre hommage à Moufdi Zakaria, cette immense personnalité algérienne en un laps de temps aussi court est impossible. Ce serait lui faire du tort. L'initiative est louable, mais on ne peut rendre justice au parcours énorme de ce militant, cet aède, ce moudjahid qu'était Moufdi Zakaria en une seule conférence… C'était un homme exceptionnel», s'est d'emblée exclamé Abdelmadjid Chikhi, directeur général du Centre National des Archives lors de l'hommage qui a été rendu hier à l'auteur de l'hymne national Qassaman au forum du quotidien El Moudjahid. Un legs inestimable Chikhi dira que par sa grande culture et son dévouement à la cause nationale, Moufdi Zakaria a laissé un legs inestimable à l'Algérie, sa patrie qu'il aimait plus que tout et à laquelle il portait un amour insatiable, avant de lire l'extrait d'un texte que Moufdi Zakari adressa au premier président de la République algérienne Ahmed Ben Bella (1963-1965). Le professeur d'histoire à l'université d'Alger, Mohamed Lahcen Zeghidi, reviendra dans son intervention sur la biographie de Moufdi Zakaria et sur l'histoire de Qassaman. Il dira à cet effet que lors des premières manifestations, les Tunisiens ou les Marocains portaient leurs drapeaux et scandaient leur hymne national, alors que les Algériens, qui avaient déjà un drapeau, répétaient de leur côté des slogans, certes nationalistes, mais qui ne portaient pas assez haut la profondeur de leur message. «Les Algériens scandaient des slogans qui ont glorifié certains leaders historiques de la Révolution algérienne tels que Messali El Hadj, alors que Moufdi Zakaria voulait un cri qui glorifie le peuple, la Révolution et l'histoire de l'Algérie», a indiqué l'intervenant, avant de poursuivre : «Militant nationaliste pendant la guerre d'Algérie, Moufdi Zakaria fut alors approché par Rebah Lakhdar (1955) à la demande d'Abane Ramdane et Benyoucef Benkhedda, qui lui demandent d'écrire un hymne national. Alors qu'il était emprisonné à la prison Barberousse, Moufdi Zakaria leur propose alors très vite un poème qu'il intitule «Fach'hadou» (Témoignez !). Le 25 avril 1955, celui-ci est immédiatement adopté, puis renommé Qassaman (Nous jurons). Une belle musique Mohamed Lahcen Zeghidi est ensuite revenu sur la composition musicale de l'hymne national en soulignant que «la première composition fut écrite par l'Algérien Mohamed Touri, à Alger. Cette musique n'étant pas jugée satisfaisante, on demande alors au Tunisien Mohamed Triki de composer la musique, avec l'aide d'une chorale algérienne à Tunis. Son résultat n'ayant lui aussi pas été retenu, on demande finalement à Mohamed Fawzi, compositeur égyptien, d'écrire la partition musicale de l'hymne. Cette dernière composition reste à ce jour l'hymne algérien que nous connaissons et que cette génération Hirak scande aujourd'hui», conclut Zeghidi. Qassaman a été officiellement adopté comme hymne national peu après l'indépendance de l'Algérie, en 1963. De son côté, Djaber Baamara, secrétaire général de la Fondation Moufdi Zakaria (qui existe depuis 2001) évoquera pour sa part les modifications qu'a apportées Moufdi Zakaria à l'hymne national dans la première partie.