«Tout dialogue véritablement orienté vers la recherche d'un règlement effectif et rapide de la crise actuelle, doit impérativement en faire son objet et sa raison d'être», a déclaré Ali Benflis. L'appel du général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, au dialogue afin de sortir de la crise actuelle, n'a pas vraiment convaincu. Au sein de la classe politique, particulièrement de l'opposition, de la société civile et parmi les acteurs de la scène nationale, on rejette une offre sans contours, et qui contourne les demandes du mouvement du 22 février qui revendique le départ du système et de ses symboles, comme préalable à tout processus de règlement de la crise. «Je demeure entièrement convaincu qu'adopter le dialogue constructif avec les institutions de l'Etat, est l'unique moyen pour sortir de la crise», avait déclaré le chef d'état-major de l'armée, lors de sa dernière visite en fin de semaine à la 5e Région militaire. Les réponses ne se sont pas fait attendre. Parmi les partis ayant réagi, le MSP d'Abderrezak Makri. Bien qu'il dit «saluer toute démarche sérieuse vers le dialogue rassembleur et large accompagné et sous l'égide d'institutions crédibles», le Mouvement de la société pour la paix (MSP), ne donne pas carte blanche à l'homme fort de l'institution militaire. Dans un communiqué, il appelle «à accélérer de satisfaire les revendications du peuple algérien exprimées lors du Hirak, et les propositions logiques de l'élite et des partis politiques, et à chercher les espaces communs permettant de réussir la transition démocratique douce, tout en continuant à combattre la corruption». Sans le dire, le parti islamiste suggère au général de corps d'armée, de pousser d'abord au départ du chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, et du Premier ministre, Noureddine Bedoui, comme exigé par le peuple. Ali Benflis, président de Talaie El Hourriyet, a abondé dans le même ordre d'idées. Benflis, qui assure «partager la conviction» de dialogue, évoque cependant «les conditions de son bon déroulement et de son succès» qui, pour lui, constituent «l'enjeu du moment». La priorité de l'heure est de surmonter l'impasse que vit le pays, pense l'ancien chef de gouvernement. Cette impasse est «clairement identifiée», et «elle est la résultante d'une divergence profonde entre le processus actuellement conduit dans le cadre strict, intégral et exclusif de l'article 102 de la Constitution, et les demandes légitimes de la révolution démocratique pacifique en marche dans notre pays». Comprendre que tant que Gaïd Salah insiste sur la voie constitutionnelle, il est difficile de trouver une issue à la crise. «L'urgence de l'heure est donc de travailler au dépassement de cette divergence. Tout dialogue véritablement orienté vers la recherche d'un règlement effectif et rapide de la crise actuelle, doit impérativement en faire son objet et sa raison d'être», a déclaré Ali Benflis, pour qui ce dialogue «suppose des interlocuteurs valables et crédibles, un cadre précis et connu, ainsi que des objectifs bien identifiés». De son côté, le Parti des travailleurs (PT), par la voix de son député démissionnaire, Smain Kouadria, a rejeté l'appel du général de corps d'armée «dans le fond et dans la forme». «Ce dialogue n'incarne pas les revendications populaires. Il n'est pas question d'ouvrir un dialogue avec les mêmes symboles du système. La population attend davantage, à savoir un changement radical, le départ de tous les symboles du système en place sans exception», a réagi l'ex-député dans un entretien à TSA. Kouadria, insistant sur le départ du système, pense qu'à la place de ce dialogue proposé par Gaïd Salah, «on a besoin d'une démarche qui comprenne des décisions politiques courageuses, à même de dépasser la Constitution». «Un changement dans le cadre de l'actuelle Constitution est tout simplement impossible», a-t-il tranché.