L'appel à un dialogue sans processus de transition, lancé avant-hier par le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, a suscité des réactions plutôt divergentes au sein de la classe politique, certains partis et personnalités de l'opposition rejetant définitivement cette démarche, tandis que d'autres, traditionnellement alliés du régime, y apportent un soutien franc et total. Dans une déclaration publiée hier sur sa page Facebook, le Front des forces socialistes (FFS) a ainsi affiché officiellement son rejet "dans le fond et dans la forme de l'appel du chef d'état-major de l'Armée à l'ouverture d'un dialogue pour aller rapidement à l'élection présidentielle sans transition politique", estimant que cette initiative "ne vise qu'à pérenniser le système actuel", les participants étant appelés, selon ce parti, "à simplement cautionner une démarche déjà décidée par le régime". Intervenant hier à l'émission "L'invité de la rédaction" de la Radio publique, l'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, a estimé, pour sa part, que "nous ne sommes plus aujourd'hui dans l'étape du dialogue, mais dans l'étape de négociations pour répondre positivement aux appels du peuple qui réclame un changement radical du système actuel de gouvernance".Les tenants du pouvoir, a-t-il insisté, "doivent comprendre que lorsque l'on parle de dialogue, il s'agit surtout de mener des négociations paisibles pour organiser le changement de tout le système actuel de gouvernance et non pas de dialoguer sur des sujets plutôt théoriques que réels". De son côté, le président de Talaie El-Houriat, Ali Benflis, a accueilli très favorablement le discours prononcé avant-hier à Tamanrasset par le chef d'état-major de l'armée, estimant, à travers un communiqué officiel rendu public hier, que l'appel au dialogue lancé par le général Gaïd Salah "pose des jalons importants sur la voie de la recherche d'un règlement à la grave crise politique, institutionnelle et constitutionnelle que vit notre pays". Le discours prononcé à Tamanrasset, lit-on ainsi dans le même communiqué, "présente une base réaliste et solide à partir de laquelle, il devient possible d'envisager une sortie de l'impasse actuelle". L'objectif, soutient en définitive le parti d'Ali Benflis, est "l'organisation de l'élection présidentielle dans des conditions incontestables et irrécusables". Autre formation à réagir très positivement hier à l'appel de Gaïd Salah au lancement d'un dialogue pour la tenue d'un scrutin présidentiel dans les meilleurs délais, le parti de l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, le Rassemblement national démocratique (RND), qui s'est d'emblée félicité de cette initiative, y voyant "une issue pour consacrer la souveraineté populaire", selon une déclaration publiée hier. À rappeler, par ailleurs, que le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, a exprimé dès avant-hier son rejet total de l'appel au dialogue lancé par le vice-ministre de la Défense, estimant que "l'entêtement du chef d'état-major de l'armée à aller à une présidentielle sans passer par une période de transition constituante doit être dénoncé et stoppé" car n'ayant, selon lui, pour but "que de spolier le peuple algérien de sa révolution pour installer de nouveaux hommes liges du pouvoir de fait". A contrario, le parti d'Amara Benyounès, le Mouvement populaire algérien (MPA), a, quant à lui, d'emblée affiché sa totale adhésion à la démarche prônée par le général Gaïd Salah, indiquant y "souscrire pleinement" et être prêt à prendre part à un dialogue qui "devra permettre l'organisation de l'élection présidentielle dans les meilleurs délais". Dans le même ordre d'idées, le parti Tajamou Amel El-Djazaïr (TAJ) a considéré que le dialogue auquel a appelé le vice-ministre de la Défense offre "une opportunité précieuse et importante pour mener le pays sur la voie du salut dans les plus brefs délais". TAJ a appelé, en ce sens, "toutes les composantes de la classe politique, les acteurs de la société civile, les personnalités, l'élite et les représentants du mouvement populaire à prendre part à ce dialogue, en faisant prévaloir les intérêts du pays et du citoyen". Enfin, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a plaidé, pour sa part, en faveur d'un dialogue "sérieux, responsable et rationnel, après l'échec du projet de l'élection du 4 juillet". Tout en se disant disposé à contribuer à l'aboutissement d'une telle démarche, le MSP souligne, toutefois, que celle-ci devrait garantir une cohérence avec la volonté populaire sur le départ de Bensalah, de Bedoui et de Bouchareb.