De violents combats opposaient samedi combattants kurdes et jihadistes dans l'Est de la Syrie pour le contrôle de la frontière avec l'Irak, base arrière pour les protagonistes, au moment où le médiateur international Lakhdar Brahimi arrivait à Téhéran. Quant aux rebelles, s'ils subissent des revers dans le reste du pays, ils ont remporté un nouveau succès à Deraa (sud), près de la frontière avec la Jordanie, en s'emparant d'une localité reliant l'est et l'ouest de la province. Des combattants kurdes ont conquis samedi un poste-frontière avec l'Irak, contrôlé jusque là par des jihadistes, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Cette position est importante car c'est un lieu de transit pour les hommes et munitions. Cette bataille territoriale, qui met aux prises les Comités de protection du peuple (YPJ, principale milice kurde en Syrie) et les terroristes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et du Front al-Nosra, se poursuivait dans la ville d'Alyaaroubié, a précisé l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales. Depuis plusieurs mois, les jihadistes et les Kurdes se disputent le contrôle du nord-est de la Syrie, riche en pétrole et grenier à blé du pays. Dans un conflit de plus en plus complexe, les Kurdes défendent avant tout leur territoire d'où s'est retirée l'armée, et désirent créer une zone autonome à l'instar des Kurdes d'Irak qui jouissent d'une région autonome depuis plus de vingt ans. Les groupes jihadistes eux, combattent à la fois le régime syrien, les autres rebelles et les Kurdes afin d'instaurer leur pouvoir sur tout le nord et l'est du pays et d'assurer la liaison avec l'Irak, où se trouve une réserve de combattants aguerris. Au sud, les rebelles avancent depuis plusieurs mois dans la province de Deraa face aux troupes du régime. Ils se sont emparés samedi de Tafas, une importante localité qui comptait avant la crise près de 30.000 habitants. Depuis début octobre, les rebelles contrôlent une bande de territoire le long de la frontière jordanienne allant des environs de Deraa au plateau du Golan, occupé par Israël. La Jordanie est accusée par Damas de laisser transiter par ses frontières les militants de l'opposition et d'accueillir des camps d'entraînement de combattants syriens. Pour tenter de contrer cette violence, l'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi est arrivé samedi à Téhéran, dans le cadre d'une tournée régionale pour préparer une conférence internationale de paix sur la Syrie, évoquée pour novembre mais déjà maintes fois reportée. L'Iran, principal soutien régional de Damas, devrait être invité à cette conférence baptisée Genève-2. M. Brahimi doit rencontrer le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, a rapporté l'agence Mehr. L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe s'est déjà rendu en Turquie, en Jordanie, en Irak, en Egypte, au Koweït, au sultanat d'Oman et au Qatar dans le cadre de cette tournée qui doit aussi le mener une nouvelle fois en Syrie. Lakhdar Brahimi tente de convaincre toutes les parties de la nécessité de rassembler autour d'une table des représentants du régime et de l'opposition pour tenter de trouver une solution politique après deux ans et demi d'un conflit qui a fait plus de 115.000 morts selon l'OSDH. Le chef du Front al-Nosra, Abou Mohammed al-Joulani, un jihadiste qui avait fait allégeance à Al-Qaïda en avril, annoncé comme mort par la télévision publique syrienne, est en bonne santé, a déclaré samedi le Front dans un communiqué. "Ce qui a été annoncé par une chaîne de télévision seulement, l'assassinat de l'émir du Front al-Nosra, était un mensonge", a déclaré l'organisation. La télévision publique syrienne avait annoncé vendredi soir la mort du chef du Front al-Nosra, mais l'agence officielle Sana a rapidement retiré son alerte sur cette information.