Le talentueux plasticien Abdelkader Guermaz, dont les œuvres se vendent en France et en Angleterre, notamment chez Christie's, semble encore méconnu dans son pays. L'artiste Abdelkader Guermaz est décédé à Paris en 1996 dans un silence total. Son art et son talent sont reconnus universellement sauf en Algérie. Depuis cette date, il n' a eu pratiquement qu'un seul hommage rendu par son ami Hamid Skif. Après son décès, ce dernier a fait des recherches pour lui rendre un hommage à la hauteur de son personnage. Selon les propos recueillis de ses amis et de ceux qui l'ont connu, Abdelkader Guermaz se présente comme «un homme d'une grande liberté et fierté, avec beaucoup de discrétion et d'une générosité sans pareille», affirmait Skif lors d'une rencontre. Selon lui, l'artiste était doté d'une personnalité hors du commun. Guermaz dédaignait l'aspect matériel et l'argent de la vente de ses tableaux ne lui servait qu'à acheter le matériel adéquat pour sa peinture et tout le reste était donné aux SDF. Vivant difficilement, seul et dans le dénuement, il avait de nombreux amis dont le chanteur Mouloudji et Yves Saint Laurent. Original, bohème, lesté à sa liberté, il s'isola de sa famille et refusait les mondanités. Cet isolement lui valut-il cette méconnaissance ? Actuellement, la seule famille qui lui reste sont ses nièces et neveux qui refusent d'en parler. Son œuvre est à l'étranger Son art et son talent sont reconnus universellement. La plupart de son œuvre est aux mains de collectionneurs étrangers dont des suédois, français et américains. Installé à Paris depuis l'année 1961, il y a vécu jusqu'à sa mort en 1996. Lors d'expositions, ses toiles étaient souvent accrochées sur les cimaises des galeries parisiennes aux côtés de Georges Braque, de Pablo Picasso et de Jackson Pollock. Dans quel mouvement pictural s'inscrivait ce génie de la peinture? A ce sujet, Skif avait indiqué que «souvent, on l'assimilait aux artistes des années 1930, or il était plus âgé, et aux hommes de lettres et artistes comme Baya, Khadda, mais Guermaz faisait partie de l'école de Paris.» Toutefois pour certains, ils le considéraient dans la mouvance de l'impressionnisme abstrait américain. L'ensemble de l'œuvre de Guermaz se caractérisait par la luminosité et la lumière. Figuratives ou abstraites, ses toiles magnifiques ravissent le regard dont près de 600 sont à l'étranger. Un collectionneur possède 80 tableaux de ce grand maître, et en Algérie, on recense à peu près 11 toiles seulement», selon Skif. La reconnaissance «Natif de Mascara en mai 1919 dans une famille modeste, il perd son père à l'âge de dix ans. Avec son frère Habib qui l'incite à des études, la famille s'installe à Oran en 1929 dans les quartiers d'El Hamri, puis à M'dina J'dida, rue de la Macta, à quelques mètres du Musée Demaeght d'Oran. Elève aux beaux-arts à la section peinture, ce qui était rare pour un indigène à l'époque, Abdelkader devint rédacteur en chef à Oran républicain. Il intégra la fanfare en jouant du piano. Sa première exposition a été faite à Mostaganem dans la première galerie algérienne après l'indépendance grâce aux bons soins de Abdellah Benmansour», évoquait Skif. Son départ en 1961 à Paris a-t-il contrarié sa carrière ou a-t-il boosté son travail ? Personne ne le sait, tellement la vie de l'artiste se passait dans le silence. Il n'est jamais trop tard pour lui rendre hommage. On devrait baptiser un musée ou une galerie d'art en son nom.