Le mouvement populaire contre le système en place est loin de s'essouffler à Boumerdès, où des milliers de citoyens descendent dans les rues chaque mardi et vendredi pour le changement. Hier, les principales villes de Boumerdès ont vibré aux rythmes de slogans hostiles au système en place et ses symboles. Que ce soit à Boumerdès ville, à Dellys, à Laaziv ou à Bordj Ménaeil et Issers, les principales rues étaient prises d'assaut par des manifestants, venus en ce quatrième vendredi du Ramadhan, et le 15e depuis le déclenchement du mouvement populaire le 22 février dernier, pour exprimer leur rejet du dialogue prôné par le chef d'état major de l'armée, Ahmed Gaid Salah, depuis la ville de Tamanrasset. «L'appel au dialogue est la preuve que le pouvoir est dos au mur devant la contestation populaire qui ne faiblit pas», lance un manifestant qui hisse une pancarte sur laquelle est écrit «non au dialogue». Pour lui, Gaid Salah commence à perdre ses pédales, et se désaxe de plus en plus devant la volonté populaire. «Il doit répondre à l'appel de peuple, depuis un certain temps, il prônait le respect de la Constitution, transgressée à plusieurs reprises par les bandits, et qui était un spectateur sans rien dire ; maintenant que les présidentielles sont dans le risque, il appelle au dialogue, juste pour sauver ces joutes et non pas des moindres», explique Sofiane, un jeune manifestant du centre ville. Des slogans comme «Gaid Salah, pas de dialogue, dégage», «Bédoui dégage, Bensalah dégage», et «non aux manœuvres à contre-courant la volonté populaire» ont tonné dans la ville de Boumerdès. Les manifestants ont rendu un vibrant hommage au militant Mozabite, Kamel Eddine Fekhar, mort mardi dernier à l'hôpital de Blida, après près de 40 jours de grève de faim pour dénoncer son arrestation arbitraire par le pouvoir en place. Des citoyens ont arboré même son portrait, aux côtés de ceux de Larbi Ben Mhidi et Krim Belkacem. Des manifestants apostrophés ont vertement accusé le pouvoir en place d'avoir orchestré la mort de Fekhar, et celles des autres militants et prisonniers de l'opinion, comme Mohamed Tamalt. Plusieurs autres marches ont été organisées également à Dellys, Laaziv (Naciria), Bordj Ménaeil et Issers, pour dire non au dialogue et contre le système en place.