Il faut reconnaître que le mois de Ramadhan, cette année, était très cher et tous les produits n'ont connu aucune baisse sensible comme l'a promis le ministre du commerce. Après un mois de Ramadhan très lourd en dépenses, les familles se préparent à faire encore des sacrifices pour satisfaire leurprogéniture en leur apportant un tant soit peu à l'occasion de la fête de l'Aïd. C'est donc une véritable fièvre qui a gagné les pères et les mères de famille, et les ruelles de Derb Sidi Hamed et d'Al-Kissaria sont prises d'assaut dès la rupture du jeûne. Toutes sortes d'articles y sont exposés par les vendeurs informels et on s'y rabat à défaut de pouvoir se rendre dans les magasins où les prix affichés sont inabordables pour les bourses moyennes et les smicards. Il faut reconnaître que le mois de Ramadhan, cette année, était très cher et tous les produits n'ont connu aucune baisse sensible comme l'a promis le ministre du commerce. Les prix des viandes rouges ou blanches tout comme les fruits et légumes sont restés inchangés depuis le premier jour de ce mois sacré mis à part une légère baisse de la pomme de terre et des tomates. Donc l'Aïd et le mois de Ramadhan sont perçus cette année comme un véritable sacrifice par une large frange de la société à Tlemcen. Nul n'échappe donc au saignement de son maigre budget et à chacun sa recette pour boucler le mois et satisfaire ses enfants par l'achat de quelques habits neufs. Les prix affichés dans les magasins de vêtements pour enfants défient tout entendement. A titre indicatif, un tee-shit est proposé entre 1500 et 2000 dinars, les pantalons à plus de 2500 dinars et les espadrilles à plus de 4500 dinars. Et dire que ce sont des produits locaux. C'est pour ces raisons que les familles se rabattent sur le marché informel où même si les étalages n'offrent pas des produits de haute qualité, les prix demeurent très accessibles. On peut s'offrir un trousseau pour garçons ou fillettes avec une moyenne de 5000 dinars. Ce sont pour la plupart des produits chinois ou turcs qu'on propose à des prix défiant toutes les chroniques et l'on ne sait toujours pas comment ils ont été introduits au pays. Toujours est-il qu'ils trouvent des acquéreurs et les prix sont toujours discutables et négociés, contrairement aux magasins. La friperie comme unique secours Pour d'autres, les plus défavorisés parmi la population, les friperies sont l'unique secours pour ne pas vexer les enfants le jour de l'Aïd qui demeure, comme le veut la tradition, une réelle fête pour les enfants. De jour comme de nuit, durant ces derniers jours du mois de Ramadhan, les friperies sont prises d'assaut par ces centaines de personnes pour dénicher un vêtement pour son enfant. Tee-shirts, pantalons et d'autres articles plus ou moins acceptables sont mis à la disposition des clients et il faut chercher ou fouiner longtemps pour trouver un article à la mesure de l'enfant et à son goût. Là les prix sont très bas. On propose des tricots à 300 dinars et des pantalons à 600 dinars, et les plus chanceux peuvent aussi dénicher des espadrilles à 1000 dinars pièce. «Le plus important, c'est de satisfaire mon enfant et je cherche des articles à la mode afin que mon enfant soit présentable le jour de l'Aïd», affirme une mère de famille, soulignant «qu'on n'a pas les moyens de s'offrir des vêtements neufs». Sans fierté et sans orgueil, certains n'hésitent pas à dire que «la situation sociale est plus qu'insupportable pour les smicards et les classes moyennes. La cherté de la vie nous asphyxie et le bout du tunnel n'est pas pour demain». Que dire alors d'une famille à trois ou quatre enfants ? La révision du Smic est devenue plus qu'impérative. A défaut, c'est l'explosion sociale qui est perceptible à l'horizon. L'endettement comme solution Certaines familles, ruinées par les dépenses de ce mois sacré, ont même cumulé des dettes pour joindre les deux bouts. Elles ont contracté des prêts pour habiller les enfants et les satisfaire pour cette fête de l'Aïd, considérée avant tout comme une joie pour les enfants. «Ce ne sont pas des dépenses inutiles car ces vêtements serviront aussi à la rentrée scolaire», affirme Abdeslam B., un enseignant à l'université de Tlemcen, et d'ajouter : «Les commerçants n'ont aucun scrupule, ils ont fait flamber les prix des fruits et légumes durant tout le mois de Ramadhan. Maintenant c'est la fièvre de l'Aïd qui les pousse encore à afficher des prix inabordables sachant que les gens vont se plier en dix et finir par acheter ces effets vestimentaires». Donc jusqu'à une heure tardive de la nuit, pères et mères de famille sillonnent les magasins à la recherche d'habits pour garçonnets, fillettes et adolescents à des prix plus moins abordables. El-Hadja B.Salima symbolise à elle seule le désarroi dans lequel sont plongées plusieurs familles. «Je viens de vendre un bijou pour aider ma fille à acheter des vêtements de l'aïd pour mes petits-fils». Que dois-je faire alors ? Je ne peux les abandonne sans aïd». La fête de l'Aïd est devenue une préoccupation majeure pour les familles qui n'arrivent plus à suivre ce train de vie trop dépensier et récurrent. Pour les nécessiteux et les sans ressources, la fête de l'aïd est perçue presque comme un traumatisme pour leurs enfants. Fort heureusement qu'ils existent encore des bienfaiteurs qui se solidarisent avec eux et dans le cas contraire, ils se rabattent sur les friperies où les prix sont accessibles à toutes les bourses. Il suffit juste de dénicher le bon article. Les plus nantis ne jurent que par le «made in» et certains magasins se sont spécialisés dans cette haute gamme où les prix relèvent presque de l'imaginaire. Des espadrilles entre 9000 et 12 000 dinars, des pantalons entre 3500 et 5000 dinars et des polos d'été entre 2500 et 3500 dinars.