L'annonce faite hier, par le conseil constitutionnel confirmant l'impossibilité de l'organisation de l'élection présidentielle du 04 juillet prochain faute de candidats, a suscité moult réactions de la part de classe politique et de constitutionalistes. Selon Fatiha Benabou, spécialiste en droit constitutionnel «Bensalah doit partir à la fin de son mandat qu'il tient en vertu de l'application de l'article 102 de la Constitution». Selon elle, la nouvelle période, qui va s'ouvrir à l'expiration du mandat de Bensalah «sera placée sous la houlette des articles 07 et 08 de la constitution qui font référence à la souveraineté populaire, c'est le peuple qui est à l'origine du pouvoir qui doit décider». Mme Benabou recommande aussi «la tenue d'une conférence nationale le plus tôt possible pour un dialogue inclusif qui doit regrouper les représentants du Hirak, de la société civile, des partis, afin de désigner une commission chargée de préparer la prochaine élection présidentielle. Cette même constitution forte de sa légitimité va à son tour désigner un présidium pour diriger le pays, en attendant l'élection du nouveau président de la République». D'autre part, elle ajoute que «le présidium qui doit succéder à Bensalah, en vertu de l'article 104 de la constitution, ne peut ni remanier le gouvernement en fonction, ni limoger le Premier ministre, sauf s'il est candidat à la présidentielle, mais il peut également démissionner pour des convenances personnelles». Selon la constitutionaliste, une autre analyse de l'article 103 de la constitution a laissé entrevoir la possibilité de la prolongation du mandat de Bensalah pour une période de 60 jours supplémentaires, ce qui nous conduirait au 04 septembre. De son coté, le spécialiste en droit constitutionnel, Ameur Reghila explique que «le Conseil constitutionnel s'est appuyé sur l'analyse des articles 102 et 103 pour éviter de tomber dans la situation de vacance du président». Selon M. Rekhila, le Conseil, qui après avoir constaté un vide constitutionnel, a utilisé ces deux articles pour permettre a abdelkader Bensalah de poursuivre ses fonctions jusqu'à l'élection d'un nouveau président de la République dans un délai ne dépassant pas les 90 jours. Le président de l'Association des oulémas musulmans Abderazak Guessoum a estimé qu' «il faut peut être remplacer Bensalah, qui a échoué à organiser les présidentielles, et mettre en place une instance présidentielle composée de trois à cinq membres». Le FFS et Raj dénoncent «des manœuvres du pouvoir» le FFS a dénoncé, la tentation du pouvoir à gagner davantage de temps en projetant de prolonger l'exercice du chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah qu'il considère comme «illégitime et impopulaire». «Cette énième parade désespérée ne fera que renforcer notre engagement et celui du peuple algérien à entretenir cette formidable révolution afin d'imposer la véritable issue à ce marasme politique qui passera inévitablement par l'amorce d'une transition démocratique», écrit le FFS dans un communiqué signé par Hakim Belahcel, après l'annonce du Conseil constitutionnel de l'impossibilité de tenir l'élection le 04 juillet prochain, laissant le soin à Bensalah de convoquer de nouveau le corps électoral. Selon le FFS, «le pouvoir réel a été contraint d'annuler le processus électoral. Pourtant, le FFS avait alerté, à temps, sur le danger et l'impossibilité d'imposer un autre coup de force électoral à un peuple résolu à parachever sa révolution et la faire aboutir à une transition démocratique, prélude à l'avènement de la deuxième République». Il ajoute que «ce recul significatif des décideurs est la consécration de plusieurs semaines de mobilisation et de détermination populaires. C'est un autre acquis à mettre en valeur et à consolider», se réjouit-il. Cependant, le FFS estime que «le chemin reste encore long pour concrétiser toutes les revendications légitimes du peuple algérien». Pour sa part, Abdelouahab Fersaoui, président du Rassemblement Actions Jeunesse RAJ, a affirmé que l'annulation des élections n'est qu'un «autre acquis de la mobilisation pacifique des algériennes et des algériens, le pouvoir a été dans l'obligation d'annuler une autre fois les élections présidentielles. C'est une victoire importante, mais elle n'est pas définitive».