La prolongation du mandat du chef de l'Etat intérimaire, Abdelkader Bensalah jusqu'à l'élection du nouveau Président de la République par le Conseil constitutionnel après l'annulation de la présidentielle du 4 juillet prochain, est rejetée par plusieurs acteurs politiques et de la société civile. « Le vide constitutionnel devra céder la place à la solution politique et une transition démocratique apaisée et concertée », ont-ils estimé. Considérant que le report des élections en gardant le même personnel et le même édifice institutionnel et constitutionnel c'est le report de la solution, donc le prolongement de la crise. Applaudissant l'annulation de l'élection du 4 juillet, qui est une suite logique de la forte mobilisation populaire, le Front des forces socialistes (FFS) affirme que ce recul significatif des décideurs est la consécration de plusieurs semaines de mobilisation et de détermination populaires. « Cette énième parade désespérée ne fera que renforcer notre engagement et celui du peuple algérien à entretenir cette formidable révolution afin d'imposer la véritable issue à ce marasme politique qui passera inévitablement par l'amorce d'une transition démocratique », note le premier secrétaire national, Hakim Belahcel dans un communiqué. Le « pouvoir réel », observe le plus vieux parti de l'opposition, a été contraint d'annuler le simulacre électoral. « Le FFS avait alerté, à temps, sur le danger et l'impossibilité d'imposer un autre coup de force électoral à un peuple résolu à parachever sa révolution et la faire aboutir à une transition démocratique, prélude à l'avènement de la deuxième République », rappelle-t-il. Dénonçant, au passage, la tentation du pouvoir ‘'à gagner plus de temps'' en projetant de prolonger l'exercice du chef d'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah qu'il considère comme ‘'illégitime et impopulaire''. «Le chemin reste encore long pour concrétiser toutes les revendications légitimes du peuple algérien », estime le FFS. La Ligue Algérienne de Défense des Droits de l'Homme (LADDH), a, pour sa part, considéré que l'annonce de l'impossibilité d'organiser les élections présidentielles du 4 juillet suivi d'un appel au chef de l'Etat à convoquer à nouveau le corps électoral pour une autre date et à prolonger son intérim au-delà du 9 juillet, est un aveu d'échec de la solution constitutionnelle. « Le conseil constitutionnel, sans grande surprise, vient d'annoncer le report des élections présidentielles prévue pour le 04 juillet 2019, à travers un communiqué qui conforte en fait, dans son contenu l'offre du pouvoir réel incarné par le chef de l'état-Major », note cette ONG dans un communiqué signé par le vice-président, Saïd Salhi. Pour la LADDH, le pouvoir réel, annonce clairement sa nouvelle feuille de route toujours dans le cadre constitutionnel et pour seul objectif : l'organisation des élections présidentielles à tout prix. « Face à la détermination du mouvement populaire qui a mis en échec tous ces plans, le système s'entête encore à maintenir son offre et s'oppose à toute transition politique, pourtant, seule solution à même de permettre le passage à une nouvelle république civile, démocratique et sociale », poursuit le communiqué. De son côté, l'Association des oulémas algériens a appelé au départ d'Abdelkader Bensalah, chef d'Etat par intérim, après l'annonce du Conseil constitutionnel sur l'impossibilité de tenir l'élection présidentielle le 4 juillet prochain. « Nous nous sommes contre personne mais puisque M. Bensalah n'a pas pu organiser l'élection présidentielle comme cela était attendu et n'a pas organisé le dialogue comme cela était attendu aussi, nous souhaitons qu'il soit déchargé de sa mission et remplacée par celui qui peut assurer cette mission », a indiqué Abderazak Guessoum, le président de cette association. S'exprimant sur les ondes de la radio nationale Chaîne I, M Guessoum a estimé que la prolongation du mandat s'oppose à certaines revendications populaires. « Le hirak veut un renouvellement. Ce renouvellement doit se faire dans le cadre de la Constitution. D'où notre demande de faire appliquer les articles 7 et 8 de la Constitution qui stipule que le peuple est la source de tout pouvoir», a-t-il dit. Considérant que les marches du vendredi sont un référendum avec des revendications et des demandes précises qu'il faut écouter. Les oulémas algériens, a-t-il poursuivi, ont proposé la désignation d'une personnalité nationale consensuelle « acceptée par la population et ayant sa confiance » ou une instance présidentielle composée de trois ou de cinq membres.