Afin de décrire les faits de plus prés, le Comité des médecins soudanais accuse « les milices du Conseil militaire (…) d'être responsables de ce massacre ». Les forces armées soudanaises ne cessent pas d'intervenir par la force contre leur peuple qui manifeste pacifiquement depuis plus de trois mois réclamant le transfert du pouvoir aux civils. Même si les généraux au pouvoir eux, se sont dits ouverts à des négociations, 60 personnes sont mortes, depuis lundi, à Khartoum dans la dispersion de manifestants qui réclamaient depuis déjà des semaines le transfert du pouvoir aux civils. Le bilan est trop lourd. « Au moins 60 personnes sont mortes à la suite de l'intervention des militaires depuis lundi 03 juin contre les manifestants qui se sont réunis depuis plusieurs mois devant le quartier général (QG) de l'armée », a annoncé mercredi le Comité des médecins. Il s'agit du dernier bilan provisoire fourni par ce comité proche de la contestation. Afin de décrire les faits de plus prés, le Comité des médecins soudanais accuse « les milices du Conseil militaire (…) d'être responsables de ce massacre ». De sa part, la contestation elle juge ainsi que les Forces de soutien rapide (RSF) sont les principaux auteurs de la dispersion par la force du sit-in. Des images d'amateurs et des vidéos filmées durant la dispersion qui circulaient hier sur les réseaux sociaux montrent des dizaines de manifestants, essentiellement des jeunes, courant pour fuir les balles tirées de loin. Dans leur course, certains transportent péniblement des blessés. « La situation est maintenant pire que jamais », a condamné l'Association des professionnels soudanais (SPA), clé de voûte de la contestation. Le Conseil militaire a dit « regretter » les violences de lundi. Il a évoqué une « opération de nettoyage » près du si-t-in par les Forces de sécurité qui a mal tourné. L'armée appelle aux élections, le peuple rejette Au lendemain de cette opération dite de nettoyage, Les militaires qui gouvernent le Soudan depuis la chute du président Omar el-Béchir ont annoncé mardi qu'ils annulaient les mesures sur lesquelles ils s'étaient mis d'accord avec les contestataires et qu'ils convoquaient des élections dans un délai de neuf mois. « Le Conseil militaire de transition décide de cesser de négocier avec l'Alliance pour la liberté et le changement, d'annuler ce qui avait été agréé et de tenir des élections dans un délai de neuf mois », a déclaré le chef du Conseil, le général Abdel Fattah al-Burhane, dans un communiqué diffusé à la télévision officielle soudanaise. Cette annonce est intervenue au lendemain de la dispersion dans le sang du sit-in des manifestants par les militaires lundi à Khartoum, qui a fait au moins 30 morts et des centaines de blessés selon des médecins proches de la contestation. De son coté, le mouvement de contestation, dans sa réaction à appel de l'armée, a appelé à poursuivre la mobilisation et rejeté l'appel à des élections par les militaires au pouvoir. «Nous appelons tous les Etats et les organisations à isoler et à cesser de traiter avec le soi-disant Conseil militaire », a déclaré la SPA dans un communiqué, dénonçant des « crimes contre l'humanité ». L'organisation a par ailleurs appelé à continuer les « marches pacifiques » et à « la grève et à la désobéissance civile jusqu'au renversement du régime ». Même son de cloche du côté des partis politiques. Pour le parti communiste soudanais, « le Conseil militaire est devenu une dictature à combattre. Il insiste sur la nécessité d'une grève générale. La tenue d'élections n'est de toute façon pas possible, ajoute le Parti du Congrès soudanais, le climat n'est pas propice. Le Conseil de sécurité de l'ONU condamne Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni à huis clos mardi, sur le Soudan, après les violences ayant fait plus de 60 morts au soudan. « Nous avons besoin d'un retour à la table des négociations de toute urgence», a déclaré Christoph Heusgen, l'ambassadeur allemand auprès des Nations unies, avant la réunion demandée par son pays et le Royaume-Uni. « La légitimité ne peut provenir du canon d'un fusil », a-t-il poursuivi. Meme l'appel du Conseil militaire de transition à la tenue d'élections dans un délai de neuf mois qui été rejeté par la contestation, a été également dénoncé par Londres, Washington et Oslo. « Appeler maintenant à des élections anticipées est un déni de démocratie », a critiqué l'ambassadeur allemand à l'ONU, estimant que les conditions pour l'organisation d'un tel scrutin n'étaient pas réunies. Pour sa part, le secrétaire général de l'ONU avait condamné lundi l'usage excessif de la force par les forces de sécurité soudanaises. Et Antonio Guterres d'appeler à la reprise des négociations pour un transfert pacifique du pouvoir à un gouvernement civil.