Très contesté par le peuple qui réclame son départ, Abdelkader Bensalah, s'est dit, dans un discours adressé à la nation jeudi, «obligé» d'assumer la charge de chef de l'Etat jusqu'à l'élection d'un nouveau président de la République. Comme attendu, le chef de l'Etat intérimaire a bien entendu la «fetwa» du Conseil constitutionnel lui prolongeant son mandat et a annoncé avoir décidé de rester en poste au-delà du 9 juillet. Très contesté par le peuple qui réclame son départ, Abdelkader Bensalah, s'est dit, dans un discours adressé à la nation jeudi, «obligé » d'assumer la charge de chef de l'Etat jusqu'à l'élection d'un nouveau président de la République. «Cette situation m'oblige donc à continuer à assumer la charge de chef de l'Etat jusqu'à l'élection du Président de la République, et je suis parfaitement conscient de l'ampleur de cette responsabilité», a-t-il déclaré, après avoir rappelé ce qu'«a conclu» le Conseil constitutionnel. Ce dernier avait estimé «qu'il revient au Chef de l'Etat de convoquer de nouveau le corps électoral et de parachever le processus électoral jusqu'à l'élection du Président de la République et la prestation du serment constitutionnel», partant du constat de «l'impossibilité» de tenir la présidentielle du 04 juillet prochain. «J'y suis, j'y reste !» Ainsi, Abdelkader Bensalah dont la mission à la tête du pays devait se terminer après 90 jours, soit le 09 juillet prochain, s'autoproclame chef de l'Etat pour une durée indéterminée puisqu'il n'a donné aucune échéance, ni délai à son mandat. Une démarche qui confirme – on ne peut plus clair – le jusqu'au-boutisme du pouvoir à imposer sa feuille de route de règlement de la crise à travers une présidentielle loin de la période de transition qui fait consensus parmi les acteurs de la scène politique. En tout cas, par son annonce, Bensalah a déçu. Son discours attendu était comme la montagne qui accouchait d'une souris. Puisant dans le sensationnel dans une tentative découragée de convaincre, Bensalah parle d'une situation « exceptionnelle» et qui, selon lui «nous interpelle tous sur l'impératif de faire appel à notre intelligence collective en vue de faire prévaloir la sagesse et la pondération nécessaires pour surmonter les obstacles à l'origine de la conjoncture actuelle et construire ensemble la prochaine étape». Etape qui, bien sûr, n'est autre que l'organisation de l'élection présidentielle à laquelle il faut réunir «les conditions indispensables ainsi que les mécanismes à mettre en place afin de garantir toutes les chances de succès». Une promesse déjà donnée, mais qui n'a trouvé aucun écho, le peuple et la classe politique n'ayant aucune confiance en un quelconque mécanisme que le pouvoir instituerait. Encore l'appel au dialogue Dans son discours, Abdelkader Bensalah a réitéré son appel au dialogue, pour construite un consensus national. «J'invite la classe politique, la société civile et les personnalités patriotiques nationales, jalouses du devenir de l'Algérie, à opter pour le dialogue inclusif en tant que voie menant à la participation au processus de concertation que l'Etat s'emploiera à organiser dans les meilleurs délais, à débattre de toutes les préoccupations portant sur la prochaine échéance présidentielle, et partant, tracer une feuille de route devant aider à l'organisation du scrutin dans un climat d'entente et de sérénité», a-t-il déclaré. Non sans rappeler avoir appelé «de bonne foi» précédemment au dialogue et à la concertation et s'est «engagé à garantir au scrutin présidentiel toutes les conditions d'une élection régulière, libre et transparente, telle que souhaitée par notre peuple». Rejetée, c'est par cette offre renouvelée de dialogue que le chef de l'Etat intérimaire compte, pourtant, restaurer la confiance perdue et permettre l'application de sa feuille de route. «Cette nouvelle étape est incontestablement une opportunité précieuse pour restaurer la confiance et mobiliser les forces patriotiques nationales en vue de construire le consensus le plus large possible autour de l'ensemble des questions en rapport avec les aspects législatif, réglementaire et organisationnel de cette élection, et sur les mécanismes de son contrôle et sa supervision», a soutenu Bensalah. Les réformes… avec le futur Président Enfin et dans le souci de justifier l'insistance du pouvoir à organiser l'élection présidentielle comme seule issue à la crise, le chef de l'Etat fera le lien avec les réformes réclamées par le peuple. Il affirme que «l'Algérie a besoin, en effet, de réformes et de nouveaux horizons aux plans politique et socio-économique». «Un vœu clairement et pacifiquement exprimé par notre peuple qui doit également faire face à de nombreux et ô combien difficiles défis et enjeux nécessitant la mobilisation de toutes les forces vives», a-t-il enchaîné, avant d'exprimer sa «conviction profonde». Laquelle repose sur le fait que «seul, le président de la République, élu démocratiquement, jouira de la confiance et de la légitimité requises pour lancer ces réformes et contribuer à relever les défis qui se posent à notre Nation». Bensalah dit avoir une «certitude» que l'organisation d'une présidentielle «dans des délais admissibles, sans aucune perte de temps», constitue «l'unique voie et la plus efficace, politiquement et la plus rationnelle, démocratiquement». Considérant que le temps «étant précieux», le chef de l'Etat intérimaire a appelé toutes les parties concernées par une participation à ce qu'il qualifie de «processus consensuel», à faire prévaloir «la sagesse et l'intérêt du peuple» dans les débats.