Le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, s'est adressé à la Nation, jeudi dernier, pour s'exprimer sur la situation inédite, induite par la décision du Conseil constitutionnel portant rejet des deux uniques candidatures à la présidentielle du 4 juillet, le report, de fait, de ce rendez-vous électoral et, de fait aussi, le prolongement du mandat intérimaire du même Bensalah. Autrement dit, la nouvelle feuille de route que le pouvoir prévoit pour la suite des événements. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Une feuille de route déclinée d'ailleurs en trois étapes. Il y a eu, d'abord, l'appel de l'armée à un dialogue « sérieux , fructueux et constructif » en vue de réunir les conditions nécessaires à la tenue de la présidentielle, puis, le communiqué du Conseil constitutionnel du 2 juin dernier constatant « l'impossibilité de la tenue des élections le 4 juillet 2019 » , ainsi que son constat que « la Constitution prévoit que la mission essentielle dévolue à celui investi de la charge de chef de l'Etat est d'organiser l'élection du président de la République (…) il revient au chef de l'Etat de convoquer à nouveau le corps électoral et de parachever le processus électoral jusqu'à l'élection du président de la République et la prestation du serment constitutionnel ». Ce qui fera dire, donc, à Bensalah que « cette situation m'oblige à continuer à assumer la charge de chef de l'Etat jusqu'à l'élection du président de la République ». Fort du soutien franc et inconditionnel de l'armée, Bensalah lance donc ce nouveau plan qui consiste à appeler à un nouveau dialogue qui aura pour objet de réunir les conditions nécessaires à l'organisation de l'élection présidentielle. « Cette situation exceptionnelle nous interpelle tous sur l'impératif de faire appel à notre intelligence collective en vue de «faire prévaloir la sagesse et la pondération nécessaires pour surmonter les obstacles à l'origine de la conjoncture actuelle et construire ensemble la prochaine étape, en lui réunissant les conditions indispensables ainsi que les mécanismes à mettre en place afin de garantir à la présidentielle toutes les chances de succès », dira Bensalah. Comme le chef de l'état-major de l'ANP, Bensalah précisera que le dialogue en question, auquel il invite « la classe politique, la société civile et les personnalités patriotiques nationales» aura pour seul objet l'organisation de l'élection présidentielle. Cette fois, il s'agira d'aboutir, suggère le pouvoir, à un consensus autour de la date, mais surtout, des instruments législatifs à même de permettre l'organisation de présidentielle transparente et incontestable. « J'invite la classe politique, la société civile et les personnalités patriotiques nationales (…) à opter pour la voie du dialogue inclusif en vue de poser les jalons du processus de concertations que l'Etat s'emploiera à organiser dans les meilleurs délais, à débattre de toutes les préoccupations portant sur la prochaine échéance présidentielle et, partant, tracer une feuille de route devant aider à l'organisation du scrutin dans un climat d'entente et de sérénité ». Comme Gaïd Salah également, Bensalah se dit convaincu que « seul un président de la République élu démocratiquement jouira de la confiance et de la légitimité requises pour lancer des réformes et contribuer à relever les défis qui se posent à notre Nation, d'où ma certitude, ajoutera-t-il, que l'organisation d'une présidentielle dans des délais acceptables, sans aucune perte de temps, constitue l'unique voie et la plus efficace politiquement et la plus rationnelle démocratiquement » . Il exclut, ainsi, de fait, toute autre forme de transition. Pour Bensalah, et donc le pouvoir dans son ensemble, le dialogue doit exclusivement porter, en substance, sur , outre la date, la composante de l'instance appelée à organiser et à superviser la présidentielle ainsi que sur le code électoral. Des ébauches de textes et des avants-projets de loi sont d'ailleurs finalisés au niveau de la présidence, apprenons-nous de bonnes sources d'ailleurs. Mais la grosse interrogation qui demeure sans réponse : la classe politique, qui avait collectivement et massivement rejeté un premier appel au dialogue lancé par le pouvoir en avril dernier, répondra-t-elle à ce deuxième appel auquel s'est publiquement et lourdement jointe l'armée ? K. A.