Il faut dire que les divergences, vu les sensibilités, les idéologies et les principes qui séparent les uns des autres, sont de taille. D'où la nécessité de se donner plus de temps à les assainir. Ce n'est nullement une fatalité pour les organisateurs. Mais tout porte à croire que la Conférence nationale de la société civile pour une sortie de crise, devant se tenir le 15 juin prochain, sera reportée. Pour cause, la commission de rédaction du projet final de feuille de route devra encore revoir le texte et le proposer à l'adoption lors de la prochaine réunion. C'est du moins ce qui a été décidé lors de précédente rencontre tenue le 08 juin, dont les travaux ont été levés en début de soirée, faute de consensus. Il faut dire que les divergences, vu les sensibilités, les idéologies et les principes qui séparent les uns des autres, sont de taille. D'où la nécessité de se donner plus de temps à les assainir. Malgré ça, les initiateurs restent optimistes. Joint par nos soins, hier, Abdelouahab Fersaoui, président de l'association Rassemblement-action-jeunesse (RAJ), un des animateurs du Collectif des dynamiques de la société civile pour une transition démocratique, réfute le mot «échec». «Nous sommes dans un processus de construction qui ne peut pas être conditionné par une date. Même lorsque nous avions arrêté la date du 15 juin, nous savions que c'était un défi. Le report n'est nullement un échec, mais va nous permettre de renforcer nos liens, de discuter nos divergences et différences et trouver des compromis et un consensus», résume Fersaoui, mettant en avant l' «acquis» de cette démarche qu'est le rassemblement de toutes les forces. Pour la mémoire, le président de RAJ rappelle l'état dans lequel se trouvait la société civile avant le mouvement du 22 février. «Il ne faut pas oublier que le pouvoir a, durant les 20 dernières années de règne de Bouteflika, brisé tous les canaux de médiation (partis, syndicats et associations)», dit-il. Et d'ajouter que «le mouvement du 22 février a libéré toutes ces dynamiques et c'est maintenant que nous commençons à travailler entre nous dans la diversité et créer des synergies». «C'est quelque chose d'extraordinaire !», défend Abdelouahab Fersaoui. C'est dire que pour lui, organiser la conférence nationale le 15 juin ou à une autre date «n'est pas le problème». «L'essentiel pour nous c'est de réunir les conditions de réussite de la conférence», estime-t-il, d'autant plus que «nous ne sommes conditionnés ni par un agenda du pouvoir ni par une échéance. Bien au contraire, nous préparons une feuille de route consensuelle et nous nous donnons le temps». En tout état de cause, notre interlocuteur affirme que la commission de rédaction du projet de feuille de route, a repris son travail. Lequel «sera exposé, débattu et adopté, lors de la prochaine assemblée générale», probablement prévue pour le samedi 15 juin d'ailleurs, et «ce n'est qu'à partir de là, qu'on ira vers une conférence nationale», précise Fersaoui qui, sans vouloir le dire clairement, confirme presque l'option du report. Le Collectif des dynamiques de la société civile vise dans un premier temps – faut-il le rappeler – à tenir une conférence nationale où sera adoptée sa feuille de route de sortie de crise, à présenter au peuple. Dans une seconde phase, il s'adressera à la classe politique pour créer un rapport de force, avant de la soumettre au pouvoir. Ce dernier «n'a d'autre choix que de négocier la période de transition et le transfert du pouvoir au peuple», soutient à ce sujet le président de RAJ, car, a-t-il, appuyé, «ce peuple ne va pas revenir en arrière». Quant aux divergences sur les préalables ou les mécanismes de transition, elles ne sont pas une fatalité pour lui, surtout qu' «il y a des principes sur lesquelles nous sommes d'accord : la transition et la rupture avec le système en place».