La société civile – regroupant trois dynamiques composées de plusieurs associations – a adopté sa feuille de route de sortie de crise, après des semaines de débats et de négociations lors de longues réunions hebdomadaires. Au terme de la Conférence nationale des forces de la société civile, organisée hier, au siège du syndicat Cnapeste à Alger, les participants ont rendu public le document en question, qui propose, sur cinq points, un plan pour mettre fin à la crise que traverse le pays et aller vers ce qu'ils appellent : «une nouvelle République». L'initiative des forces de la société civile pour une sortie de crise et une transition démocratique vers une nouvelle République, comme l'indique son intitulé, repose d'abord sur «l'installation d'une instance présidentielle ou d'une personne consensuelle pour gérer la période de transition allant de 06 mois à 01 an». Cette étape devra donc, être suivie par «l'institution d'un gouvernement de compétences nationales pour gérer les affaires courantes». À ces deux mesures pratiques s'ajoute «la mise en place d'une commission indépendante pour gérer, organiser et proclamer les résultats des élections», une mesure qui n'omet pas d'insister sur «la garantie des mécanismes de contrôle». Les forces de la société civile proposent ensuite «l'ouverture d'un dialogue national global avec les acteurs de la classe politique, de la société civile, des personnalités nationales et des activistes du soulèvement, portant sur la situation politique, économique et sociale du pays et les moyens de sortie de crise». Lequel «sera parachevé par une conférence nationale», écrivent les rédacteurs de l'initiative. Enfin, le document insiste sur «l'accélération de l'amorce d'une transition démocratique pacifique en fonction d'un processus électoral qui concrétise la rupture avec le système dictatorial et corrompu et garantisse la construction d'institutions légitimes et crédibles». Sans le dire clairement, les animateurs de la société civile exigent des préalables à cette feuille de route qu'ils semblent adresser au pouvoir politique, dont notamment le respect de toutes les libertés. «La réussite de ce processus politique implique la préparation d'un climat général favorable à la pratique des droits, des libertés collectives et individuelles, des droits de l'Homme», lit-on dans le texte de l'initiative, soutenant que «les mesures d'accompagnement de l'action politique doivent être prises pour rétablir la confiance au sein des citoyens et garantir leur participation effective dans ce processus national historique». Et comme toute feuille de route qui s'adresse à différentes parties, la société civile appelle l'ensemble des forces actives «à se joindre à cette initiative, à participer à sa mise en œuvre et à son succès». Nouvelle république Dans le préambule du document, les participants représentant plus de 70 associations et organisations, ont encensé le peuple algérien qui «continue à travers son soulèvement pacifique, civilisé et avec une conscience politique élevée et un sentiment national développé, de montrer sa détermination à concrétiser l'ensemble de ses revendications légitimes, afin de fonder une nouvelle république sociale et pluraliste, régie par le Droit, dans le cadre des principes tracés par la déclaration du 1er novembre 1954, et ouverte sur le monde». À rappeler que cette conférence est le fruit d'une fusion entre trois dynamiques : le Collectif de la société civile pour la transition, le Collectif des syndicats algériens (CSA) et le Forum civil pour le changement. Appelés à trouver un consensus, ces acteurs ont dû faire des concessions les uns pour les autres pour arriver à adopter cette feuille de route commune proposée désormais, au peuple, avant de l'adresser à la classe politique et au pouvoir. Pour les rédacteurs de cette feuille de route, et comme tout compromis, «il s'agit d'une plate-forme commune sur la base d'un ‘smig' pour construire l'Algérie de demain, celle de la diversité, des droits et des libertés». Malgré les divergences, cette conférence nationale est venue pour les assumer, histoire d'aller de l'avant.