Il n'y avait pas où poser le pied. Même les trottoirs n'arrivaient pas à contenir ceux qui étaient en dehors des carrés, mais qui aussi avaient tous un drapeau amazigh à la main. Ce 18e vendredi du mouvement de protestation a été une réponse sans appel au chef d'état-major de l'ANP, Gaid Salah, qui a été la cible directe des manifestants venus marcher par dizaines de milliers et lui répondre directement, et sans détour, suite à son interdiction de déployer le drapeau amazigh lors des marches du vendredi. Ils étaient donc des dizaines de milliers, pour ne pas dire des centaines, à investir la capitale du Djurdjura. Tout Tizi était aux couleurs de l'étendard amazigh. «C'est la confirmation identitaire», nous lancera un manifestant qui était visiblement excité. Il n'y avait pas où poser le pied. Même les trottoirs n'arrivaient pas à contenir ceux qui étaient en dehors des carrés, mais qui aussi avaient tous un drapeau amazigh à la main. Il y avait aussi beaucoup de femmes en ce 18e vendredi. Il y avait des jeunes, des moins jeunes, et même des enfants. La réponse était donc des plus attendues. Vu autrement, il est aisé de dire que l'interdiction faite par le chef d'état-major de l'ANP a donné une sorte de nouveau souffle à la protestation. Pour de nombreux manifestants questionnés, les déclarations de Gaid Salah n'avaient qu'un seul but : diviser le peuple pour tuer le mouvement. C'est ce que nous dira ce manifestants tenant une pancarte sur laquelle on pouvait lire : «Les Algériens sont tous des frères !». Pas seulement. D'autres slogans comme «Dawla madania machi askarya !» (Un état civil non militaire !), ont été sscandés à gorges déployées tout au long de l'itinéraire habituel de la marche malgré le soleil qui tapait fort alors qu'il était au zénith. On a également noté ces autres slogans qui ont leur portée comme «Hada echaâb la youbaâ ! (Ce peuple n'est pas à vendre !)» ou encore «Le problème n'est pas l'emblème !» et à côté, les traditionnels slogans comme «Klitou leblad ya essaraqin !», «Bedoui dégage, Bensalah dégage !». Aussi, faut-il noter que le génie populaire s'est exprimé dans toute sa grandeur à l'occasion de cette nouvelle démonstration de rue. Pour illustrer, citons ces deux silhouettes aux effigies de Nezzar et Zerhouni, pour le premier de «terroriste aveugle» et pour le second de «tueur aveugle». Signalons à la fin que, comme à chaque fois, les manifestants se sont dispersés dans le calme tout en promettant d'être plus nombreux vendredi prochain.