Malgré le jeûne et la chaleur, c'est une journée de mobilisation comme on n'en a vu que durant les premières semaines de la révolution populaire qui nous a été donnée d'observer, hier, à Tizi Ouzou, où quatre corporations ont investi la rue dans trois marches différentes pour le même objectif, à savoir affirmer, encore une fois, le rejet catégorique de l'élection présidentielle du 4 juillet, le départ du système et l'instauration d'un Etat de droit. La première marche, organisée conjointement par l'Ordre des avocats et la communauté médicale, s'est ébranlée à 11h depuis l'entrée du campus Hasnaoua de l'université de Tizi Ouzou sous les cris "Dawla madania, matchi aâskaria", "Makach intikhabat ya el-îssabate" et "Ulac lvot ulac". La foule formée d'environ deux mille manifestants, entre robes noires et blouses blanches, a arpenté la montée du stade du 1er-Novembre pour se diriger vers le centre-ville, puis poursuivre son chemin jusqu'à la place de L'Olivier en scandant également "Gaïd Salah dégage", "Système dégage", "FLN, RND, dégagez", "Justice indépendante" ou encore "Klitou leblad ya serrakine", "Djazaïr hourra democratia". Sur de larges banderoles déployées en première ligne de chaque carré, on pouvait lire, entre autres : "Non à la mascarade électorale du 4 juillet", "Non à l'élection du 4 juillet, oui pour une période de transition dirigée par le peuple", "La souveraineté populaire est non négociable", "Les quarante voleurs sont là, mais où est Ali Baba ?", "Primauté du civil sur le militaire", "Pour une 2e République démocratique et sociale". Sur des pancartes brandies par des médecins et des avocats, on pouvait lire également : "Non à une gouvernance des bandes et non à la gouvernance des chars", "Pour un processus transitionnel sans les figures honnies du système", "Non à l'instrumentalisation et à l'opacité d'une justice sur mesure", "Libérez Issad Rebrab et tous les détenus politiques". Au centre-ville, alors que la marche des avocats et du personnel médical avançait vers la place de L'Olivier, une autre marche initiée par les travailleurs de Sonelgaz venait en sens inverse. "Sonelgaz, entreprise citoyenne, soutient le mouvement populaire pour le changement", lisait-on sur une des banderoles déployées par ces centaines de travailleurs. Une vingtaine de minutes plus tard, les étudiants, qui tenaient à être au rendez-vous de ce 13e mardi consécutif de leurs manifestations pour le départ du système, arrivaient en empruntant le même itinéraire, suivis des avocats et des médecins. Comme chaque mardi, les étudiants ont déployé en première ligne une banderole appelant à la dissolution des deux Chambres du Parlement et du Conseil constitutionnel. Des slogans réaffirmant la détermination des étudiants à poursuivre les manifestations et réclamant le départ du système au complet, y compris Gaïd Salah, étaient repris en chœur tout au long de la marche. Samir LESLOUS