En effet ce 16e vendredi de la protesta enclenchée depuis le 22 février a été celui de la grande mobilisation. La réponse au discours fait la veille par le chef de l'Etat ne s'est pas faite attendre. Elle a surtout été sans appel. «Pas de dialogue avec les symboles du système !», ont réitéré hier, des dizaines et des dizaines de milliers de manifestants qui ont pris possession de la capitale du Djurdjura. En effet ce 16e vendredi de la protesta enclenchée depuis le 22 février a été celui de la grande mobilisation. Le soleil de plomb qui tapait fort en milieu de journée n'a pas empêché des dizaines de milliers de manifestants à converger vers le lieu habituel du début des marches, soit devant le portail du campus Hasnaoua de l'Université Mouloud Mammeri d'où elle s'est ébranlée peu après 13h00. Alors que les premiers marcheurs ont entamée leur action d'un pas lent et mesuré, la foule grossissait à vue d'œil. Ils arrivaient par centaines. Il y avait aussi beaucoup de femmes. Des vieilles aussi. Vêtues de leurs tenues traditionnelles kabyles et drapées du drapeau national et amazigh, elles entonnaient des chants patriotiques à l'unisson. Plus loin, dans un autre carré des chansons du rebelle Matoub Lounes dont les portraits n'ont jamais quitté les marches, sont diffusés à fort décibels. C'est aussi toute la situation politique dans laquelle s'embourbe le pays, qui été brossée, pour ainsi dire, dans les slogans transcrits sur les centaines et centaines de pancartes et banderoles déployées par les marcheurs qui n'ont pas cessé, une nouvelle fois, en plus de dire : «non au dialogue !» tel que prôné par Bensalah et le chef de l'état-major de l'ANP ; d'exiger le départ du système en place, exiger une période de transition pour l'instauration d'une véritable république, démocratique et sociale. Gaïd Salah, Bensalah et Bédoui ont en eu pour leur compte. Des salves entières de slogans qui leurs sont hostiles ont été scandées à tue-tête. Plus que jamais déterminés à faire aboutir l'idéal démocratique pour lequel ils luttent depuis de longues années, pour lequel tant des sacrifices ont été consentis et un lourd tribut chèrement payé, les marcheurs ont dès lors une nouvelle fois «actualisé» leurs slogans. Les manifestants ont brandi des milliers de pancartes et banderoles sur lesquelles ils ont fait part de leurs positions par rapport à tout ce qui caractérise la scène politique scène. «Ceux qui sont à l'origine de la crise ne peuvent la résoudre. Gaid Salah tu en fais partie. Tout le système doit dégager. Vive l'Algérie». En guise de réponse à l'appel au dialogue lancé par le chef de l'Etat major de l'ANP, les manifestants ont scandés en une seule voix «la hiwar, la chiwar, transition obligatoire» ainsi que d'autres où il est exigé la mise en place d'une assemblée constituante souveraine. Les autres symboles du système n'étaient pas épargnés par les manifestants. C'est ainsi que Bedoui et Bensalah ont essuyé tant de slogans qui leurs sont hostiles et leur demandant de partir. «Ni dialogue ni élection avec le reste de la 3issaba, dégagez d'abord !», «Pour une transition pacifique !», «nous ne serons ni le Soudan, ni la Syrie car nous sommes soudés et sereins !», «notre combat se veut sans armes et sans larmes !», «Contre la déraison d'Etat, pour la raison du peuple !», étaient entre autres certains slogans transcrits sur les pancartes. Cette nouvelle démonstration de rue se veut donc, non seulement comme une réponse nette et précise à l'appel au dialogue par Bensalah, mais aussi comme un autre message pour dire que le mouvement s'nscrit ans la durée et refuse de faiblir. La manifestation, comme à chaque fois, s'est déroulée sans aucun incident et les marcheurs se sont dispersés dans le calme tout en promettant de revenir encore plus nombreux vendredi prochain. «Anelhu, anelhu alama yeghli udabu !», répétaient-ils en continu.