Les arrestations de manifestants lors des marches du 19e vendredi, ont provoqué une vague d'indignations au sein de la classe politique et parmi les acteurs de la société civile. L'attitude des forces de l'ordre, cette fois-ci, et sur injonction du pouvoir en place, est dénoncée à plus d'un titre. Entre «tentative de division», «dérive», «abus», «irresponsabilité», mais surtout mises en garde et appels à la libération des détenus, les réactions reflétaient en tout cas une grande colère face à ce dérapage et une détermination à poursuivre le combat pacifique. Ainsi, le Parti des travailleurs (PT), a évoqué hier, «des développements dangereux» sur la scène politique, avec une série d'interpellations à la capitale et à travers d'autres wilayas. Le PT qui a réuni le secrétariat de son bureau politique (SBP), «dénonce l'arrestation de Samira Messouci, élue du RCD à l'APW de Tizi-Ouzou et tous les manifestants porteurs de l'emblème de l'Amazighité», tout en exprimant son «soutien» à leurs familles. Le PT a demandé à cet effet «la libération de tous les détenus politiques, d'opinions et porteurs de l'emblème amazigh». Cette «agression contre les le droits fondamentaux des citoyens» intervient, regrette encore le parti de Louisa Hanoune, «parallèlement à un black-out médiatique sans précédent depuis le début de la révolution du 22 février». Le PT conclura en exprimant son «soulagement» suite à «l'échec des tentatives de division par les parties ayant décidé d'interdire le drapeau amazigh». Pour le président du RCD, Mohcine Belabbas qui dénonce «l'encerclement» du siège de son parti par la police «envoyée par le pouvoir», ces procédés ne vont pas affaiblir le mouvement. «Gaïd Salah doit comprendre que ce n'est pas de cette façon qu'il arrêtera les Algériens car ces derniers sont déterminés à aller de l'avant dans leur révolution jusqu'à faire tomber le régime, dont Gaïd Salah qui était un bâton entre les mains de Bouteflika», a-t-il déclaré immédiatement après l'arrestation de la militante et élue du RCD. Belabbas ne sembla pas pourtant avoir été choqué par cette attitude, rappelant que «le pouvoir cherche depuis toujours à affaiblir les Algériens. Il est passé de la fermeture du tunnel (des facultés), aux arrestations, à l'histoire du drapeau et aux attaques aux partis». Le PT et le RCD dénoncent, Sadi accuse Quant à l'ancien président du même parti, il n'a pas mâché ses mots contre le chef d'état-major de l'armée. Dans une tribune publiée hier, sur sa page facebook, Saïd Sadi pointera du doigt des «abus ordonnés par le chef de l'Etat-major» qui non seulement sont «dangereux pour la patrie, la paix civile et la démocratie», mais pire, «ils sont aussi d'une irresponsable vulgarité puisqu'à la violence hors la loi, désormais assumée, ils additionnent l'ignorance et l'aveuglement sectaire». Sadi rappelle que l'emblème «pourchassé par les sbires de Gaïd Salah» appartient «autant aux Kabyles qu'aux Chaouis, aux habitants de l'Ouarsenis, ceux de Skikda, de Médéa ou de Tlemcen». «Les Rifains du Maroc, les fils de Titaouine en Tunisie ou les fiers montagnards de l'Adrar Nefoussa de Libye le revendiquent et le font partager à leurs compatriotes arabophones dans l'entente et la convivialité», écrit encore le fondateur du RCD, non sans remarquer que «ces arrestations concernent souvent des jeunes, garçons et filles, qui veulent vivre dans un pays libre, pluriel et tolérant et évoluer en intelligence et solidarité dans un voisinage apaisé». Saïd Sadi constate que la question qui ne choque plus personne est que «depuis la chute de Bouteflika, le chef d'état-major affiche la même arrogance, sévit dans la même opacité et confisque autant de pouvoirs que son ex-parrain». La LADDH interpelle le parquet Pour sa part, la LADDH a regretté qu' «au moment où l'opinion attend des signaux forts d'apaisement et de bonne volonté en vue d'une solution politique à la crise, le pouvoir politique procède à contre-courant, en privilégiant la solution de la force et la répression contre le peuple pacifique qui a montré beaucoup de retenue et de responsabilité». «Les choux du pouvoir ne feront qu'envenimer le climat au risque de mener le pays vers l'irréparable et le chaos», prévient l'ONG, appelant à l'occasion le parquet à «l'abandon de toutes les poursuites judiciaires à l'encontre des manifestant(-e-)s pacifiques du mouvement-Hirak, qui comparaîtront aujourd'hui devant les tribunaux». La LADDH appellera par ailleurs, le pouvoir, «à la libération de l'ensemble des détenus d'opinion et politiques et au respect des libertés publiques et individuelles». Le FFS avait dénoncé vendredi soir, rappelle-t-on, «une campagne violente et féroce destinée à créer la terreur et la résignation chez les Algériennes et les Algériens, dans l'espoir de briser ce sursaut populaire pacifique». Dans un communiqué, le premier secrétaire national, Hakim Belahcel, a accusé le pouvoir «visiblement désemparé» de chercher à «provoquer l'irréparable et pousser la situation vers le pourrissement et le chaos». Exigeant «la libération» des détenus, le FFS a appelé à «l'arrêt immédiat de cette opération répressive contre le peuple algérien».