Le gouvernement libyen a affirmé mercredi que des compagnies tentaient d'acheter du pétrole libyen en dehors des canaux officiels et a menacé de recourir à la force contre les contrevenants. Dans un communiqué, Mohamed Kaabar, porte-parole du gouvernement, a déclaré disposer "d'informations sur des tentatives de certaines parties et compagnies d'acheter du pétrole libyen auprès des groupes qui contrôlent actuellement les terminaux pétroliers" de l'est de la Libye. Le gouvernement n'a pas précisé la nationalité des compagnies en question. Dénonçant "un crime" et "une violation flagrante de la souveraineté" du pays, le gouvernement a indiqué que ces compagnies étaient "sous surveillance" et que leurs noms allaient être communiqués à la justice, en coordination avec Interpol. Des gardes des installations pétrolières bloquent depuis fin juillet les principaux terminaux pétroliers du pays de Zoueitina, Ras Lanouf et al-Sedra, dans l'est du pays. Depuis plusieurs semaines, le gouvernement est en conflit ouvert avec ce groupe de gardes partisans d'un système fédéral, qu'il accuse de chercher à détourner le pétrole brut, tandis que le groupe assure pour sa part que les autorités vendent du pétrole de façon irrégulière. L'armée de l'air et la marine ont reçu l'ordre de "surveiller les terminaux pétroliers et intercepter tout pétrolier qui tente d'entrer dans ces ports sans un accord préalable avec la Compagnie nationale de pétrole (NOC)", selon le communiqué du gouvernement. Ces navires seront arraisonnés et l'armée pourrait faire usage de la force s'ils n'obtempèrent pas. Ibrahim Jodhrane, chef des protestataires, a annoncé la semaine dernière la formation d'un gouvernement local pour gérer les affaires de la Cyrénaïque (Est), poursuivant l'épreuve de force avec les autorités centrales de Tripoli. Les autorités libyennes avaient affirmé en août que les protestataires étaient en contact avec des concessionnaires internationaux pour vendre du pétrole illégalement, et ont menacé de bombarder tout bateau qui s'approcherait des ports pétroliers sans être lié par un contrat avec la NOC. Les mouvements de protestation ont provoqué une chute de la production de pétrole à 250.000 barils/jour, contre près de 1,5 million b/j avant le déclenchement de la crise fin juillet, selon la NOC. Ces troubles dans l'industrie pétrolière, qui fournit 96% des revenus de l'Etat, ont provoqué des pertes estimées jusqu'à présent à quelque 13 milliards de dollars.